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Perturbation du conseil d’arrondissement à Parc-Ex pour dénoncer la gentrification

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Mar 192018
 

De Parc-Ex Contre la Gentrification (Facebook)

Le 13 mars dernier, nous sommes allé.es au conseil d’arrondissement de Villeray-St-Michel-Parc-Extension pour empêcher les élu.es d’octroyer à Ron Basal son permis pour le projet d’appartements luxueux dans la Plaza Hutchison. Après que le conseil ait refusé l’appel des résident.es de Villeray, dans le cas du projet de Taxi Diamond, que nous appuyons dans leur cause, nous avons décidé de perturber le conseil pour que l’assemblée soit levée et que Ron Basal n’obtienne pas son permis. Nous avons été sorti.es brutalement de la salle par les policiers, deux personnes ont été arrêté.es et ont reçu des charges. Le permis a par la suite été accordé pour la Plaza Hutchison, dans une salle vide, avec Basal assis en première rangée.

Nous avons essayé toutes les avenues légales et politiques disponibles, mais cela nous a seulement mené.es à un mur. C’est le temps de retourner à la rue plutôt que d’essayer de travailler avec un système dans lequel nous ne croyons pas.Si les mairesses trouvent que c’est salissant, tant pis pour elles. Nous avons été dégoutté.es, mais pas surpris.es, par le manque d’initiative, d’ouverture et de volonté politique démontré par la Mairesse Fumagalli qui n’ose pas prendre des risques quand un dossier est plus important qu’un simple permis. D’écrire un communiqué pour dire qu’elle s’oppose au projet alors qu’elle accorde quand même le permis est très insultant pour les locataires évincé.es et les résident.es du quartier, c’est se moquer de nous. Elle nous accuse de rendre le conseil non sécuritaire, mais les seules armes que nous avions à opposer aux matraques des policiers étaient des trompettes de fête d’enfant. Les deux personnes arrêtées, brutalement jetées au sol et menottées pour avoir voulu faire entendre leur voix, auraient aussi aimé pouvoir se sentir en sécurité.

Nous rejettons aussi la promesse de Valérie Plante d’investir $17 million dans des projets de mixité sociale pour Parc-Extension. C’est faux que la mixité sociale profite à tout le monde, c’est seulement un terme plus poli pour nous faire avaler la gentrification. En fait, des projets comme celui-ci ne sont bons qu’à dépenser des fonds publics pour construire des logements pour les riches- et par le fait même intensifient la gentrification en les invitant dans ce quartier « nouvellement découvert » et « exotique ». Nous ne voulons pas supporter le déplacement de personnes racisées de notre quartier au profit de nouveaux résidents plus riches, plus yuppies ou plus blancs.

Si la mairesse et les conseiller.es ont jeté l’éponge pour ce projet, nous ne le pouvons pas. Nous ne pouvons pas abandonner la lutte pour sauver cette espace communautaire qui est au cœur de notre communauté depuis des décennies et nous n’allons certainement pas permettre la gentrification de notre quartier. Ensemble continuons la lutte !

De #HoMa à #HamOnt : le secret c’est de rassembler ses ami.es losers

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Mar 182018
 


Soumission anonyme à MTL Contre-info. Pour faire un don au fond de rénovation de The Tower, cliquez ici.

Ces bums-là ne sont pas mieux que les anarchistes.

Est-ce qu’ils ne sont pas au courant du fardeau financier que leur vandalisme va occasionner au propriétaire de The Tower ?

Est-ce qu’ils ne comprennent pas que les fenêtres placardées vont faire chuter la valeur des propriétés dans le quartier autour de The Tower ?

Se livrer à ce genre de violence ne mène qu’à une atmosphère de non-respect de la loi et légitimise la destruction de la propriété privée.

Quand nous avons entendu que The Tower avait été attaquée, il allait de soi qu’il fallait leur démontrer notre amour. Pas seulement parce que nous aimons les espaces sociaux anarchistes, mais parce que nous vivons aussi dans une ville où (pour autant qu’on le sache) les propriétaires de petites entreprises à la mode n’existent que dans le but de nous voler nos salaires, frayer avec les flics et nous vendre trop chers des sandwiches de merde. Fuck les traîtres de classe, fuck les gentrificateurs, fuck la police, mais on en n’a toujours rien à foutre des fenêtres brisées.

Imaginez être tellement en colère à propos d’un autre espace social anarchiste se faisant attaquer, que vous rassemblez vos ami.es losers, vous vous masquez et vous prenez une siiiiick photo en solidarité.

Hamilton: Retours sur la balade ingouvernable du 3 mars dernier à travers l’un des quartiers les plus riches de la ville

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Mar 182018
 

De North-Shore.info. Traduit par Sans Attendre Demain.

[Voici deux textes au sujet de la nuit émeutière du 3 mars dernier dans un quartier riche d’Hamilton.]

Hamilton : Ingouvernables et pleurs de bobos : un samedi soir à Locke Street.

Chaque jour, que ce soit les propriétaires qui touchent de plus en plus de loyers pour des apparts toujours plus merdiques, des patrons qui vous poussent à travailler toujours plus ardemment, des associations de commerçants qui militent pour davantage de flics, ou juste l’Audi qui vous coupe aux heures de pointe… Les riches nous pourrissent la vie. Chaque jour, nous devons faire face à leurs attaques mais de temps en temps, nous pouvons trouver un moyen pour rendre les coups.

Samedi soir, j’ai retrouvé un groupe de gens dans le quartier ‘Durand’ : nous avons flâné le long ‘d’Aberdeen’ et dans certaines rues du secteur, en attaquant des véhicules de luxe et des hôtels particuliers qui étaient sur notre chemin, en faisant du bruit avec un sound system portable des feux d’artifice. La balade s’est ensuite rabattue sur ‘Locke’ en attaquant le maximum de commerces de bobos que nous pouvions avant de prendre la décision de se disperser. La police a dit que nous avions fui, mais je n’ai pas vu un seul flic après qu’ils ont été chassés ‘d’Aberdeen’.

Pour tous les anti-capitalistes indubitablement sincères qui, sur Internet, se demandent pourquoi les Starbucks n’ont pas été détruits, contrairement aux petites entreprises et commerces locaux, c’est seulement parce que ceux-ci étaient situés juste un peu trop au nord. Mon seul regret de la soirée.

Comme le camarade Kirk Burgess [1] l’a expliqué sur twitter :

« Imaginez que vous êtes si fâchés vis-à-vis de la gentrification, que vous vous rassemblez avec quelques potes en galère, que vous vous masquez le visage, et que vous déchaînez dans l’un des quartiers les plus riches de la ville. En jetant des pierres sur les maisons et les entreprises. Vous êtes répugnants. »

C’est plus ou moins ça Kirk, moi et mes ami.e.s galériens.

Tous mes pires patrons ont été propriétaires de petites entreprises. Le problème ne réside pas dans la taille de l’entreprise, mais bien dans la relation d’exploitation. Quand une personne décide d’être capitaliste, de faire de l’argent par le biais de ses investissements plutôt que par son travail, sa position par rapport aux changements dans la ville devient fondamentalement différente. La gentrification, par exemple: lorsque les loyers augmentent, cela signifie qu’ils gagnent plus d’argent (plutôt que de perdre leur maison); quand les prix montent et que les riches emménagent, cela signifie une chance de vendre des produits de luxe (alors que nous travaillons au salaire minimum); quand davantage de police et de surveillance arrivent, cela sécurise votre investissement (pendant que nous sommes harcelés et expulsés). Ils deviennent riches parce que nos vies se détériorent.

Bien sûr, les propriétaires de petites entreprises peuvent travailler de longues heures, mais même si je mets 12 heures à côté de mon patron, et que nous nettoyons les toilettes, le fait qu’ils possèdent et que je travaille signifie que notre relation au travail est totalement différente. Quand les affaires sont bonnes (ou quand ils réussissent à faire du financement collectif), ils entérinent un nouveau bail sur une voiture ou signent une hypothèque sur une propriété d’investissement alors que mon chèque est mangé par le loyer, les factures et le magasin d’alimentation. Je n’ai pas d’autre choix que de me présenter demain alors que leur capacité à s’enrichir augmente.

Fuck les riches. Fuck les capitalistes (même ceux qui vendent des produits de boulangerie haut de gamme). Et à tous ceux qui veulent se plaindre de la violence, souvenez-vous que la seule raison pour laquelle ces parasites parviennent à garder leurs mains propres est que, le plus souvent, leurs attaques ressemblent à des affaires des plus banales.

Devrions-nous continuer à écrire des lettres en espérant que Jason Farr [2] « Je-veux-un-magasin-Apple » fasse quelque chose? Ou croire que d’une façon ou d’une autre, Andrea Horwath [3] arrêtera de lécher le cul du BIA de Locke Street [4] ? Ou nous pourrions nous perdre dans le fait que la solution à l’oppression économique résiderait dans des start-up plus innovantes, ou bien dans la charité? Est-ce que je devrais garder le sourire face au connard de riche en espérant qu’il me donne un pourboire plus important?

La rue Locke a été la première rue embourgeoisée du centre-ville, sa « success story », comme pourrait le dire le maire Fred, les quartiers environnants étant les premiers à voir les hausses de loyers qui finissent par dominer tant de nos vies. Retourner des tables et finir par contre-attaquer samedi soir m’a aidé à me débarrasser de la peur et de la frustration qui s’accumulent lorsque vous êtes embourbés dans une situation désespérée. Que les riches se rappellent qu’ils sont toujours à la portée de toutes les personnes qu’ils écrasent.

NdT:

[1] Il parait que Kirk Burgess est un quidam qui a posté ce commentaire marrant sur twitter que l’auteur du texte a décidé de résumer parfaitement la nature de l’action.

[2] Jason Farr c’est un membre du conseil municipal, un vrai opportuniste qui ne fait que courir après les riches pour les attirer dans notre quartier (y compris le apple store).

[3] Andrea Horwath c’est la cheffe du parti de gauche au niveau provincial, qui est venue poser des messages de solidarité sur les façades fracassées.

[4] Un BIA c’est un « Business Improvement Area », une association appuyée par le gouvernement municipal qui réunit les propriétaires et les petits patrons pour coordonner les affaires des quartiers. Assez dégueu.


Après la balade émeutière de Locke Street de samedi 3 mars, le Centre Social Anarchiste The Tower à Hamilton (Ontario, Canada) a eu sa vitrine défoncée dans la nuit de dimanche et la porte pétée la nuit de mardi.

Communiqué de The Tower sur les événements récents

Nous avons attendu jusqu’à maintenant pour écrire un communiqué public, car ce n’est vraiment pas notre volonté d’avoir des conversations sur internet, un endroit si toxique et aliénant. Mais puisque notre local a été attaqué deux fois dans les derniers jours, nous pensons qu’il est important de partager quelques réflexions et d’être clairs sur notre position.

Tout d’abord, non, les actions qui ont eu lieu samedi soir sur les rues Locke et Aberdeen n’ont pas étés organisés par The Tower, mais oui, nous soutenons ce qui s’est passé et nous sommes solidaires de ceux/celles qui l’ont fait. La guerre de classe se poursuit chaque jour dans cette ville, avec des attaques constantes contre les pauvres et les travailleurs. C’est consternant de voir que de si nombreuses personnes se fassent du souci seulement lors de rares occasions où un peu de rage se retourne contre la domination. Les effets permanents de la gentrification dans cette ville sont déchirants : vagues de déplacements, violence croissante et pauvreté grandissante. On ne peut pas simplement s’attendre à que tout ça reste caché sous le tapis des mots. Nous n’avons aucune larme à déverser pour Locke Street.

Nous ressentons qu’à chaque famille qui se fait expulser de sa maison c’est bien pire que tout ce qui s’est passé sur Locke Street, même si on croit que tenir des boutiques de luxe est un acte neutre. Et le niveau d’indignation est particulièrement odieux, considérant que ces dernières jours il y a également eu deux femmes lambda qui ont étés poignardées. C’est plus que dégoûtant de voir que les discussions sur les pâtisseries artisanales dégradées ont la priorité sur les discussions à propos de la violence sur les femmes.

Ce n’est pas simplement du jemenfoutisme, cela veut dire choisir son camp. Quand les choses tournent mal, nous ne sommes pas du côté des riches et de la classe des affaires. Nous sommes solidaires de tous ceux qui résistent aux pouvoirs dominants dans cette ville et si nous avons des critiques sur la tactique nous les faisons en privé. Nous nous opposons à toute répression et à toute collaboration avec la police.

Ces derniers jours, nous avons reçu plusieurs menaces de la part de groupes d’extrême droite, présageant les attaques contre notre espace. Sans surprise, la classe commerçante locale et les suprématistes blancs qui ont organisé des manifestations anti-immigrés en ville l’année dernière se sont retrouvés du même côté.

Tout le théâtre à propos de Locke Street montre qu’ils ne s’attendent pas seulement à se faire de l’argent en suivant leurs intérêts et en ignorant leurs impacts sur d’autres, mais qu’ils s’attendent aussi bien à être aimés pour cela. Nous ne sommes pas « choqués et horrifiés » d’être attaqués, puisque nous n’avons jamais pensé que les puissants de cette ville et leurs larbins pouvaient nous remercier de s’opposer à eux.

Nous savons que ce ne sont pas les boutiques qui sont le principal facteur d’embourgeoisement et des souffrances qu’il entraîne: ce sont plutôt les investissements immobiliers, la spéculation et les politiques municipales qui les encouragent. Les petits magasins sont souvent sous le feu des projecteurs, mais ce ne sont pas eux qui réaménagent les blocs d’immeubles entiers ou mènent des expulsions massives. Cependant, ce qu’ils ont fait, cela a été de se mettre du côté des spéculateurs et des proprios, se positionnant de manière à profiter des forces qui portent préjudice à la plupart de leurs voisins. Nous avons choisi de les critiquer et de nous y opposer par le passé, à cause de leur alliance aux riches et aux gros capitalistes, et même s’ils ne sont pas les plus responsables, leurs actions ont des conséquences réelles.

Pour être clairs, nous ne remplirons pas des formulaires de police en lien à ces événements, mais nous les gérerons plutôt de façon autonome, en nous appuyant sur des réseaux d’entraide. The Tower continuera à héberger le même type d’événements et de groupes qu’il a toujours fait, en mettant des ressources en commun et en partageant des idées. Les événements des derniers jours ne changent rien pour notre projet ou nos choix et nous faisons appel à tous/toutes ceux/celles avec qui nous avons partagé des moments par le passé à prendre le temps de souffler et à considérer que même si les choses sont plus intenses en ce moment, rien n’a changé au fond.

Incendie de 2 chars de luxe dans St-Henri

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Sep 082017
 


Soumission anonyme à MTL Counter-info

Dans la nuit du 13 juillet, inspiré.es par les émeutes de Hambourg, nous avons brûlé 2 chars de luxe, juste à côté d’un condo de St-Henri. Dans un quartier où les gens doivent choisir entre acheter de la bouffe ou payer le loyer, ne soyez pas surpris qu’on mette le feu à vos démonstrations de privilège éhontées.

On a utilisé une méthode assez simple : des bâtonnets allume-feu demi-couvert d’une pâte allume-feu. Tout le matériel a pu être trouvé dans un magasin de camping. Nous avons enflammé l’extrémité du bâtonnet couvert de la pâte et ensuite nous l’avons placé dans le coin de la grille de la voiture, entre les deux lumières. Nous avons utilisé deux bâtonnets par véhicule. Le feu commence seulement à être visible quand le plastique ou l’huile à moteur commence à brûler, ce qui laisse assez de temps pour partir sans être remarqué. Il faut faire attention : le feu peut facilement s’étendre aux chars stationnées à côté de la cible.

La police, qui participe violemment au processus de gentrification, a tenu ces propos d’encouragement :
“[Montreal police Cmdr. Sylvain Parent] said police have increased their visibility in the neighbourhood in response to the attacks, but it’s hard to stop people who want to commit crimes. « If there’s someone who wants to do something and they see a police officer pass, they’ll wait until we pass by, » he said. « If they really want to do something, they’ll do it anyway. »

À la prochaine,
Black Masked Winners (BMW) / Anarchistes Uni.es Dans l’Insurrection (AUDI)

Trouver les moyens de résister: apprendre des luttes contre la gentrification à Montréal

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Juil 212017
 

De The Cannon Street Bellows (Hamilton, Ontario)

En ce moment, où nous sommes de plus en plus nombreux.ses à nous trouver dans des situations difficiles dues aux prix immobiliers, nous sommes souvent à cours d’inspiration pour combattre la gentrification. Mais à l’autre bout de la 401, à Montréal, des anarchistes développent depuis plusieurs années des pratiques d’action directe contre les commerces impliqués dans la gentrification de leurs quartiers. Concentrée à Hochelaga dans l’est et à Saint-Henri dans le sud-ouest, on observe l’émergence d’une diversité de stratégies ayant comme but de rendre le territoire inhospitalier aux commerces cherchant à attirer une clientèle riche vers des quartiers populaires.

Depuis 2010, on remarque un flot constant d’attaques contre les caméras de surveillance. La destruction de ces caméras permet aux anarchistes de contester la logique de surveillance – à la sécurité de qui contribuent-elles ? – et rendent plus faciles des attaques contre d’autres cibles dans le quartier. Lors d’une des premières attaques de ce genre, un extincteur rempli de peinture a été utilisé. Dans un communiqué de décembre 2016, on peut voir la photo d’une personne cagoulée portant plusieurs caméras détruites en guise de collier.

En mai 2015, à Saint-Henri, l’inauguration d’un bar à jus de fruit a été interrompue par une foule cagoulée, laquelle a d’abord jeté un fumigène à l’intérieur, puis attaqué le proprio à coup de poivre de cayenne quand il a essayé d’intervenir. La tactique de s’attaquer ouvertement et en groupe contre des gentrificateurs connus permet de montrer que les riches sont vulnérables et que les flics ne peuvent pas les protéger d’un groupe déterminé. Encore à Saint-Henri, en mai 2016, une action de dégentrification a collectivement pillé un magasin de nourriture haut-de-gamme dans le quartier, pour ensuite redistribuer la nourriture aux résident.es. De nouveau à Hochelaga, en 2016, une manif d’Halloween a distribué des bonbons aux gens du quartier tout en laissant des dizaines de tags contre la gentrification et contre la police qui, une fois arrivée, s’est vue repoussée à coup de pierres. La résistance en masse rompt l’illusion de l’acceptation paisible du développement et de la gentrification, nous permettant ainsi de nous échapper du fatalisme et du désespoir qu’ils nous infligent.

Il y a eu quelques tentatives d’actions semblables à Hamilton: en juin dernier, une trentaine de personnes ont confronté une excursion d’investisseurs immobiliers appelée “Try Hamilton” (J’essaie Hamilton). À l’aide de slogans et à coups de trucs dégueux, il.les ont montré qu’il y aura toujours une résistance contre cell.eux qui cherchent à s’enrichir en expulsant les gens de chez eux. Grâce à leur engagement à se défendre collectivement contre la police, personne n’a été arrêté. C’est aussi le cas pour toutes les actions montréalaises décrites précédemment.

Saint-Henri et Hochelaga ont également vu un grand nombre d’attaques clandestines contre des commerces de luxe favorables à la gentrification. Vitrines fracassés et graffitis sont le motif récurrent de ces actions. L’usage d’extincteurs remplis de peinture semble être un choix de prédilection. En novembre 2016, un communiqué appelait à ne pas se contenter de s’attaquer aux façades des commerces: à Hochelaga, les vitres de trois boutiques avait été brisées, puis l’intérieur avait été recouvert de peinture à l’aide d’un extincteur. On pouvait lire dans le communiqué: « Ces vitrines détruites, cette marchandise ruinée par la peinture, c’est un acte de guerre. Nous ne laisserons pas ces boutiques s’installer en paix – cette paix de façade qui n’est autre que l’invisibilisation de la guerre en cours contre les pauvres et les marginaux.ales. ». En 2015, à St-Henri, une action semblable ciblant un magasin de vêtements avait été revendiquée dans le cadre du Black December, un appel par des prisonnier.ères anarchistes internationaux.ales à attaquer des symboles de domination. À Hamilton, des graffitis avait été faits sur la prison de Barton en réponse à cet appel.

Tout au long de la lutte contre l’embourgeoisement, on observe un important effort de diffusion des actions et de circulation d’un contre-discours sur le développement. Suite à l’attaque d’un restaurant à l’imagerie machiste en juin 2015, à Hochelaga, des affiches avaient été posées dans le quartier. Elles détournaient de manière queer et parodique le logo du commerce et expliquaient pourquoi les restos chers n’étaient pas les bienvenus dans le quartier. En décembre 2016, une affiche collée sur les murs de Saint-Henri racontait l’histoire de l’icône locale Louis Cyr, dont un restaurant bobo, déjà la cible de plusieurs attaques au cours des deux années précédentes, avait commercialisé l’image. Des entrepreneurs parasitaires cherchent souvent à utiliser certains aspects de la culture et de l’histoire locales pour leurs campagnes publicitaires, afin de vendre le quartier à des riches venus d’ailleurs. Et ça ressemble à quoi concrètement? Il n’y a qu’à penser aux discours des gentrificateurs de Hamilton sur le fer ou sur l’industrie, comme The Cotton Factory ou Seed Works. Ces espaces industriels réaménagés se vendent à l’aide d’éléments de la culture travailleuse et populaire locale, utilisés dans le but attirer des bureaux et des événements bourgeois.

Cet article n’est qu’un survol de toutes les actions qui ont eu lieu, mais il permet de montrer qu’avec résolution, on peut trouver les moyens de résister. Bien que la situation puisse sembler sans espoir, certain.es sont d’avis que la lutte vaut toujours la peine. Dans un entretien accordé à Submedia en décembre 2016, deux anarchistes ayant participé à certaines des actions ci-dessus disaient:

« Ça a l’air inévitable, et ça l’est peut-être, mais ça vaut tout de même le coup de lutter contre et de ne pas se laisser faire. Dans le monde insupportable dans lequel on vit, j’ai l’impression que ma vie peut juste trouver un certain sens si je me bats ».

Pour plus d’information sur ce qui se passe à Montréal: Montréal contre-information

Envie d’en apprendre davantage sur la gentrification et son histoire à Hamilton ?
Vous pouvez lire le texte (en anglais) “Now that it is Undeniable: Gentrification in Hamilton” (Maintenant que c’est incontestable: la gentrification à Hamilton)

Mise en pratique

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Juil 202017
 

Pour l’article complet (en anglais) voir ici

Nous désirons répondre par nos idées au texte Mise en Commun qui a circulé récemment. Ce dernier critiquait les projets et perspectives insurrectionnelles à Montréal en général. […] Mise en Commun se réfère et fait réponse à quelques douzaines d’actions, d’attaques et de petites manifestations qui furent organisées dans les quartiers Hochelaga et St-Henri par des anarchistes l’an dernier (la multiplication de ce type d’initiatives persiste depuis maintenant plusieurs années).

Ces actions auxquelles nous ferons référence impliquent surtout la destruction de devantures et de marchandises de commerces ou des dispositifs qui contribuent à l’embourgeoisement : des commerces yuppies, la police, des bureaux de promoteurs immobiliers, des voitures de luxe et des caméras de surveillance. La plupart de ces actions ont été revendiquées par des communiqués publiés sur le net ou imprimés et distribués en tracts (parfois éparpillés au le sol sur les lieux de l’action) offrant une explication de comment elle a été perpétrée et la situant dans son contexte particulier. Des actions revendiquées, il y en a depuis longtemps, mais il y eut un sommet de leur fréquence en 2016.

Nous observerons les contextes dans lesquels ces actions prirent place au cœur de quartiers sous tension face à l’embourgeoisement, qu’est-ce que cela signifie pour des anarchistes ayant l’intention d’intervenir et à quoi croyons-nous que cela ait contribué. À travers ces fondements, nous inciterons les questions de la communication et de l’intelligibilité, des mouvements de masses, de l’intervention anarchiste, de la stratégie, de l’isolement, de la spécialisation et de la répression. Nous offrirons ensuite quelques propositions quant à une lutte multidimensionnelle et combative contre l’embourgeoisement, et sur d’autres luttes que la nébuleuse anarchiste montréalaise pourrait poursuivre.

Intelligible pour qui ?

« Pour avoir une résonance, nos actions doivent être communicables, elles doivent faire du sens pour autrui, elles doivent être intelligibles. »
– Mise en Commun

Nous sommes clairement en accord avec une part de ce commentaire. En agissant, l’une des premières considérations qui nous vient en tête est de savoir comment nos actions seront comprises autant par les compagnons que par quiconque en prenant connaissance. Nous voulons néanmoins être explicites quant à ceuzes envers qui nous souhaitons être intelligibles. Nous voulons d’abord communiquer avec de potentiels complices. Des gens pour qui voir ou entendre parler d’une action fait résonner en elles et eux le besoin de saper ce qui rend leurs vies misérables, des gens qui veulent se battre. Nous ne cherchons pas à être intelligibles pour l’autorité. Nous ne parlons pas leur langage et ne le voulons pas – nous ne recherchons pas à nous adapter à leurs paradigmes dans le but d’entrer en dialogue. Nous voulons les détruire.

Même lorsque les actions parlent d’elles-mêmes (certaines plus clairement que d’autres et c’est bien ainsi), on ne peut jamais compter sur les médias de Gauche ni sur les médias de masse pour diffuser nos idées – le but de ces médias n’est pas de communiquer des idées, mais de solidifier leurs propres visions dominantes du monde en incorporant nos idées et nos actions dans leurs narratifs. Il nous est nécessaire d’utiliser nos propres canaux de communication afin d’être sans équivoque sur ce que nous faisons, ce que nous voulons et pour ne pas être censuré.es.

Accompagner une action d’un communiqué peut aider à faire comprendre les intentions de l’auteur, à démystifier les moyens par lesquels l’action a été produite et à la lier à une lutte plus large ou à des objectifs stratégiques. Les communiqués de la plupart des actions auxquelles nous nous référons ont été publiés en ligne sur Montréal Contre-information, un projet local de communication autonome pour nos luttes anarchistes à Montréal. Évidemment, cette page web a souvent pour limite de n’être qu’utilisée et lue que par d’autres anarchistes. Semblant vouloir dépasser cette limite, ce projet produit des versions imprimables des communiqués pouvant ensuite être affichées dans la rue et diffusées sur des tables de distros, partagés entre nos maisons, dans la tentative d’ouvrir des canaux de communication avec des gens qui ne font pas usage de cet outil limité qu’est l’internet.

Le langage de la guerre et du spectacle

Mise en Commun critique les auteur.es d’un communiqué anonyme pour avoir « parlé d’un acte de guerre en revendiquant le vandalisme de cinq commerces… », les accusant de fétichiser certaines terminologies, d’être prétentieux.ses et d’accepter la mise en scène leur propre puissance. En général, lorsque l’on parle de guerre (du moins, d’une guerre dans laquelle nous pouvons être impliqué.es), on réfère habituellement à la guerre sociale ; c’est-à-dire à l’expansion du conflit dans tous les aspects de la vie, de la même façon que le font la domination et le capital en débordant le lieu de travail. Ce conflit social est inévitablement ouvert, chaotique et il comporte des possibilités d’accentuation exponentielle de complicités. Cette guerre est sous-jacente. C’est une réalité que l’on tente d’exposer à travers nos actions et par la propagande, bien que notre implication dans cette guerre n’en constitue qu’une fraction. Ceuzes qui ont agi ont aussi expliqué leur ‘acte de guerre’ par ces mots : « Nous ne laisserons pas ces boutiques s’installer en paix. Cette paix de façade n’est autre que l’invisibilisation de la guerre en cours contre les pauvres et les marginaux.ales. » Néanmoins, soyons conscients que ‘la guerre’ est aussi le langage dont l’État fait usage pour décrire le conflit. Les guerres incluent souvent des trêves et sont pensées dans des logiques standardisées alors que celle que nous menons est permanente et en dehors d’une conception militariste de la lutte. […]

Nous tenons également à complexifier ce que Mise en Commun avait réduit comme étant « la mise en scène de notre puissance ». Précisons que les conditions socio-culturelles locales actuelles, influencées par une éthique puritaine (dans les milieux anglophones), nous apprennent la modestie lorsque nos paroles nous viennent du cœur. Dans la société conventionnelle, il est permis à une certaine jeunesse de se penser au centre de l’univers jusqu’à ce que la réalité économique difficile et les rôles sociaux les obligent à s’y soumettre. Dans ce contexte, les gens préfèrent abandonner la gloire aux célébrités et à la lutte internationale, pour ensuite les fétichiser tel des objets. Ayant cela en tête, nous rejetons la pratique de la modestie et nous préférons contribuer en luttant activement contre ce qui nous détruit. Lorsque nous parlons fièrement avec le cœur, avec respect pour les actes dans lesquels nous avons projeté nos passions, nous ne pouvons qu’espérer normaliser l’amour de soi-même et de nos passions comme actes subversifs. Trouver des moyens d’interagir avec nos propres désirs sans intermédiaire est une démarche qui permet de retirer de l’importance au pouvoir du spectacle plutôt que de le renforcer. CrimethInc. est souvent critiqué ou ridiculisé pour valoriser ces qualités dans leur écriture, mais ils ont peut être compris quelque chose. La fierté est une limite lorsqu’elle devient un obstacle à l’auto-critique et à l’apprentissage, ou dans nos relations interpersonnelles. C’est plutôt là où nous préférons adresser cette problématique.

Les mouvements de masse et l’anarchisme populaire à Montréal

« … ça suffit d’être à l’arrache du contexte, à attendre une grève étudiante ou la construction d’un pipeline…Le contexte qui nous favorise, l’arène où l’on se bat, le territoire que l’on habite, c’est à nous de les créer. »
-Mise en commun

Non seulement nous sommes complètement en accord avec cette affirmation mais cette idée influence tous nos projets. Le temps d’agir pour la liberté est maintenant.

Mise en Commun poursuit en prononçant que « Ce n’est pas dans les mouvements sociaux qu’on la cherche [la puissance], mais bien dans les moments insurrectionnels ». C’est là où nous divergeons. Nous ne voulons pas remplacer le Grand Soir avec un éventuel moment insurrectionnel anticipé à l’horizon, remettant la lutte à plus tard une fois de plus. Même pour celleux qui croient que la puissance collective réside dans les futurs moments insurrectionnels, il reste significatif d’agir en dehors de ces moments dans l’objectif de s’y préparer, des fomenter ses bases. En donnant corps à notre praxis dans le présent, notre capacité d’intervenir dans de futures occasions (souvent inattendues) reste vive.

Mise en commun se contredit entièrement en mentionnant seulement la grève étudiante de 2012 comme exemple concret d’un moment insurrectionnel. Avril et Mai 2012 est considéré comme un moment insurrectionnel « non pas seulement dans le sens que ça pétait tous les soirs, mais au sens où nos relations étaient définies en fonction de, par et pour la grève. »

Nous ne sommes pas d’avis que la grève étudiante de 2012 était un moment insurrectionnel. Nous définissons un moment insurrectionnel comme la création violente d’un espace-temps faisant rupture avec les rôles sociaux et la norme. Si la situation est presque devenue incontrôlable par moments, ce n’est pas parce que la grève étudiante définissait nos relations. C’en est plutôt l’opposé ; c’est parce que la lutte a débordé au-delà des cadres d’une grève orientée par des revendications et une forte identité étudiante après que les lois répressives aient été appliquées. Même si nos capacités collectives de nous battre dans la rue s’accrurent avec créativité à différents moments, il y eut un manque au niveau de la diffusion d’idées incontrôlables et dans la subversion des rôles socialement assignés. Toutes ces vitres brisées et ces flics blessés ont été redéfinis avec succès en tant que militantisme réformiste. Le momentum a été récupéré par les politiques électorales sans le moindre ébranlement. Lorsque l’on réfléchit à nos interventions durant ces mois de grève, notre principale auto-critique est que nous n’avons pas mis assez d’énergie à engager la lutte au niveau des idées anarchistes pour leur donner de la pertinence dans la situation.

Il serait abruti de dire qu’aucune puissance libératrice ne fut ressentie durant ces moments. Mais il serait dramatique de ne pas admettre que nous avons trahi.es nos complices potentiels et nous sommes trahis nous-mêmes en mettant nos perspectives radicales de côté afin de répondre à un sentiment d’urgence. Durant le mouvement de 2012, il était inconfortablement clair à quel point les visages des soi-disant masses étaient blancs dans une ville très multi-culturelle, dans une lutte se fondant sur un discours de classe, alors que des libéraux gauchistes klaxonnaient dans leur Mercedes pour appuyer celleux désobéissant aux lois répressives dans les rues. Les politicien.nes du privilège pourraient analyser une telle réalité et refaire les mêmes erreurs encore une fois; en affirmant que nous devons mettre nos désirs de côté pour privilégier des revendications qui ne feraient que renforcer le contrat social libéral (avec ses droits, ses privilèges et son impuissance), l’amenant au-delà des standards du cadre de la suprématie blanche. Si nous nous prenons au sérieux en tant qu’anarchistes et que nous parlons d’une ‘culture de lutte’ à partir de notre perspective et non de celle de politicien.nes, tenons des positions ayant moins de compromis.

Dans certains moments, des actions menées et revendiquées par les anarchistes ont aliéné et rendu impossible la collaboration avec la Gauche. Dans un certain sens, cela est désirable. Nous croyons que la construction d’une culture révolutionnaire de lutte nécessite, non pas de nous aliéner chaque gauchiste en ville, mais plutôt de saboter l’emprise de la Gauche sur les luttes. La Gauche est l’un des principaux moyens par lequel plusieurs luttes incontrôlables antérieures ont été récupérées, en canalisant leur énergie dans une médiation avec les autorités et en dissimulant le conflit sous couvert de réconciliation. Les anarchistes devraient considérer la Gauche en tant que barrière aux perspectives et aux pratiques de libération. Une certaine forme d’anarchisme aux penchants populistes hérité de la Gauche (dans le cas de Montréal, des organisations militantes étudiantes) est selon nous l’un des plus grands obstacles aux projets anarchistes montréalais.

Il nous semble que ces anarchistes prennent la voie plus ‘populaire’ parce qu’illes veulent que leurs projets soient socialement légitimes ‘pour le public, pour les gens, pour les non-anarchistes, etc.’ On apprend aux individus dans la société à se sentir valides à travers la reconnaissance de quelque chose qu’illes admirent, qu’illes perçoivent plus puissant qu’euxlles-mêmes. Tout le monde est sensible à cela et c’est en partie pourquoi l’autorité existe toujours. Ce n’est pas seulement la faute du maître. Tout le monde joue un rôle dans la hiérarchie. Plutôt que d’essayer de détruire les racines de la domination à la base, le populisme et la Gauche exploitent et utilise cette faiblesse humaine dans le but de créer un mouvement. Il en résulte la reproduction de relations sociales dans lesquelles une personne agit principalement par peur d’exclusion si elle ne suit pas la vague. C’est aussi une façon par laquelle la répression fonctionne. Chaque individu a peur d’être arrêté car cela signifierait d’être humilié publiquement ou isolé en prison. Avec ce piège qui nous limite, la pacification gagnera toujours.

Les compagnon.es qui s’inscrivent dans la logique de la légitimité normative accusent souvent celleux qui font des attaques directes de rendre leur projet impossible en ne se souciant point de cette légitimité du ‘peuple’. Les attaques ne sont pas valorisées en tant que contributions en vue de la construction d’un contexte. Cela propage l’idée que certains actes ‘ dangereux ‘ posés au mauvais moment peut détruire la croissance du mouvement. Cela a été vrai à Athènes, en Grèce, suite à l’incendie de Marfin Bank (où des employés sont morts dans un feu allumé par des anarchistes), mais à Montréal, il semble que le critère pour ‘dangereux’ consiste dans le fait de sortir des diktats de la légitimité normative, ce que nous considérons comme faisant partie intégralement de notre projet.

Rechercher une légitimité normative ne peut, à long-terme, qu’invisibiliser le conflit. Par contre, si nous pouvions répandre socialement des narratifs de légitimité liés à nos pratiques de façon à rompre avec les valeurs normatives, nous développerions de grandes capacités subversive. C’est le cas par exemple lorsque beaucoup de gens pensent qu’il est légitime d’attaquer la police ou d’occuper des bâtiments mais que ce ne l’est pas pour les flics de nous tirer dessus ou pour nos proprios de nous évincer. Il y a plus de possibilités quand il y a un appui social de nos actions et lorsque plus de gens rompent avec leurs rôles, participent à des luttes ou à différentes formes de pratiques illégales. Cela entre certainement en conflit avec la légitimité normative. Nous pouvons voir un exemple évident de comment ces logiques sont irréconciliables quand nous observons comment la ‘violence’ dans les paradigmes normatifs est utilisée pour désigner quoi que ce soit ayant possiblement un horizon révolutionnaire. Il est tout aussi important que des compagnons mettent de l’énergie à argumenter en faveur de la légitimité de notre praxis autant que ce l’est d’expérimenter dans la praxis; pas avec les médias ou avec les politiciens, mais de façon horizontale, dans la rue, avec les voisin.es et en détruisant la légitimité des pratiques de l’État.

Malgré qu’il soit important de trouver des moyens d’interagir directement avec celleux à l’extérieur de nos milieux jeunes et souvent imprégnés de sous-cultures, on devrait éviter de focaliser sur l’organisation des autres en mouvement de masse pour nourrir notre sentiment de légitimité et plutôt nous organiser nous-mêmes en étant clair.es sur qui on est et ce que nous voulons quand on interagit avec les autres. La politique (et les discours manipulateurs basés sur l’omission qu’elle requiert) devrait être évitée lorsque l’on construit des fondements anti-autoritaires.

Nous croyons qu’une critique de la Gauche et du populisme peut amener d’intéressantes réflexions aux initiatives anarchistes sociales, comme Chlag.info, ayant organisé une assemblée contre la gentrification dans Hochelaga. […] Certains éléments hérités du modèle raté d’organisation que des anarchistes ont essayé d’appliquer pour mobiliser les masses d’étudiants dans une grève contre l’austérité semblent avoir été transférés vers une mobilisation de masse contre la gentrification dans les quartiers, dans l’objectif qu’un jour, des actions directes puissent s’inscrire dans un contexte de mouvement social. Ce modèle d’organisation fonctionne grâce à la politique : une logique de recrutement, remettre la lutte à plus tard et la création d’une campagne de mobilisation basée sur le plus petit dénominateur commun comme point d’unité. Que ça soit “Fuck l’austérité” ou “Fuck la gentrification”, les idées et les différences sont réduites à un programme politique conçu pour faire appel aux “masses”. Lorsque la lutte contre la gentrification (ou n’importe quelle lutte spécifique) offre l’opportunité de lier cette lutte à des perspectives anarchistes qui remettent tout en question, cette approche politique choisit plutôt de ne faire aucun de ces liens et de ne pas récuser les discours normatifs et respectables de la Gauche contre la gentrification.

Ce discours populiste a tendance à penser que de lier cette lutte à une analyse contre tous les gouvernements, la police, la colonisation et le contrôle sociale, etc., aliénera beaucoup de gens de cette éventuelle masse sociale et les détournera de la base de supporters nécessaire à une lutte fondée sur le ‘plus-petit-dénominateur-commun’. Lorsqu’on aborde la lutte avec un tel raisonnement, elle sera fort probablement limitée à des arguments progressistes […] Même si celleux qui mobilisent ont sans doute raison de dire que leur approche attirera plus de gens à leur ‘cause’, ils préparent déjà le terrain à la récupération en n’étendant pas leurs arguments vers des critiques anarchistes. Ils sacrifient la qualité pour la quantité. […]

La question à savoir le degré auquel des actions comme une assemblée générale populaire ou une grève de loyers peuvent nourrir une culture révolutionnaire (plutôt que de renforcer la Gauche) dépend de l’honnêteté avec laquelle nous faisons connaître nos intentions dès le départ. Cette culture révolutionnaire ne sera pas renforcée si on joue le jeu des valeurs de la social-démocratie, pour que les gens plus accoutumés à ces comédies de légitimité nous rejoignent. Nous entendons souvent des discours romantisant l’ « opacité » dans le cadre d’une lutte contre les structures de pouvoir (qui s’applique à quiconque se trouve hors de notre « milieu »). Au contraire, nous sommes d’avis que faire preuve d’honnêteté par rapport à nos ambitions et ne pas prendre les gens pour des cons nous mènera beaucoup plus loin que de cacher nos intentions derrière une façade d’organisateurs.trices communautaires responsables, de militant.es syndicalistes, ou autre. […]

La question de la “stratégie”

[…]
Pour penser nos objectifs et nos trajectoires, nous désirons proposer un cadre alternatif, des perspectives et une projectualité. Bien sûr, on devrait développer une analyse de notre contexte et de ses transformations, pour réfléchir les conséquences potentielles de nos actions sur ce contexte. Nous pensons aussi que cela peut permettre d’intégrer une dimension sur le long-terme à nos projets et perspectives. Le jargon insurrectionaliste nomme souvent ce concept ‘projectualité’. Nous pensons que la différence n’en est pas seulement une de langage, mais bien que les idées qui sous-tendent ‘stratégie’ et ‘projectualité’ sont profondément différentes.

Nous ne pensons pas que les conséquences de nos actes puissent toujours être prévues à l’avance, tel des déplacements qu’on fait en jouant aux échecs. Nos projets sont expérimentaux. Nous pouvons déterminer certaines intentions, discours et gestes, puis les engager sur le terrain social, sans avoir de certitudes quant aux résultats (que des suppositions éclairées par l’expérience). Il n’y a que nos propres actions que nous pouvons garantir. Il nous est ainsi possible de faire vivre des idées pour que d’autres s’en saisissent. Le fait d’être confrontés à des obstacles écrasants et peut-être sans espoir dans nos projets de libération, semble être la cause d’une telle recherche de certitude prédictive. On a besoin de sentir qu’on a du contrôle. Il est compréhensible, mais déplacé de croire que l’impact de nos actions sera prévisible si seulement on attend ‘le bon moment’ ou que l’on trouve la bonne forme de lutte.

Nous croyons que l’élaboration de visions stratégiques n’affirmant pas explicitement de perspectives divergentes mène à la centralisation ou à la bureaucratisation de l’insurrection. Des projectualités hétérogènes incarnent mieux l’éthique anarchiste puisqu’elles ne sacrifient pas les moyens pour les fins. Nos objectifs s’incarnent dans nos moyens : nourrir des projets qui rendent le terrain fertile à la propagation d’une combativité, qui alimentent l’auto-organisation, qui mettent fin au dialogue avec l’ennemi de classe ou qui diffusent les valeurs et les pratiques minant la domination et l’exploitation.

Mise en commun soutient avec condescendance que les actions en question n’ont pas contribué à ‘construire un pouvoir collectif’. On peut présumer que c’est parce que ces actions s’écartent de la vision stratégique de l’auteur. Pourtant, pour nous, après une simple lecture des communiqués des actions auxquelles Mise en Commun semble répondre, il est évident que les acteurs derrières certaines de ces attaques ressentent et sont en train de construire une telle capacité collective. Même dans le pire des scénarios où il semble que ces actions soient toujours faites par les mêmes personnes et où elles ne seraient pas contagieuses, au moins ces gens construisent un réseau combatif entre elleux. Et comme des idées subversives se font sentir dans la réalité, il est plus facile de se lier avec elles.

Nous voulons d’une lutte anarchiste qui soit expansive et que nos actions contribuent à imaginer des outils pour manifester notre mécontentement ou nos énergies créatrices en dehors des canaux réformistes. Même si nous ne croyons pas que cela répandra magiquement nos actions du jour au lendemain, nous pensons que ça aura un impact alors que la situation sera plus agitée.

Le texte ‘Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis’, publié en 2010, vante les bénéfices d’attaques régulières et visibles, menées dans des temps de paix sociale relative contre des symboles évidents de l’exploitation capitaliste. Selon l’auteur, des graines subversives sont plantées par ces actions dans la conscience des gens et lors des moments de rupture sociale, ils pourront y avoir accès et les cultiver. Bien que la plupart des gens soient en désaccord avec ces actions lorsqu’elles se produisent, lorsque les formes traditionnelles et valides d’activité politique se révéleront inadéquates, ils pourront adopter ces formes et en faire leurs propres outils. Pour illustrer cette théorie, qui est dans les faits le fruit inversé de la théorie de contrôle social de ‘la vitre brisée’, A. G. Schwarz utilise l’exemple de l’insurrection grecque de 2008 (bien que nous ayons vu, dans les dernières années, des tactiques anarchistes être adoptées par beaucoup d’autres gens lors d’insurrections de ce côté de l’Atlantique). […]

Une conséquence importante des attaques récentes contre des figures d’extrême-droite liées à Trump, ou quelques années plus tôt et à plus petite échelle, des attaques à Seattle qui visaient toute personne liée à des éléments gentrificateurs, c’est que les critiques anarchistes ont commencées à être prises au sérieux par les gens et, encore plus important, les pratiques naissant de ces critiques. […]

Sur l’ ‘illégalité’, la ‘spécialisation’ et l’ ‘isolement’

« Ce qui nous donne la puissance, ce n’est pas le niveau de préparation d’une clique d’expert.e.s en destruction. … Bon gré, mal gré, il nous faut avouer que s’il y a bien une chose que le pouvoir sait gérer, autant sur le plan du discours que celui de la répression effective, c’est une bande de potes qui s’isole dans l’illégalisme. »
– Mise en Commun

« Le point c’est pas de développer une « expertise » en destruction. Tout ce qu’il faut, c’est des marteaux, des crowbars, des roches pis de la peinture. Et avant ça, une petite idée de par où on arrive, par où on part, des masques pis peut-être des vêtements qu’on peut jeter. On se croise dans la nuit ! »
– Extrait d’un flyer déposé aux stations de métro Préfontaine, Joliette et Pie-IX ainsi qu’à la Place Valois en février 2016, le jour après l’action

Sans le pouvoir de la négation, nos luttes ne sont rien. Mais nous pensons aussi qu’une lutte qui se limite à l’attaque est condamnée à un conflit perpétuel qui ne pourra jamais véritablement détruire les systèmes qu’on haït. Bien que nos inclinations personnelles nous poussent à nous concentrer sur des projets destructeurs, pour pouvoir les soutenir et les renouveler, nous avons besoin de tailler des espaces d’autonomie dans nos luttes et nos vies, des infrastructures matérielles, des réseaux de solidarité et de support.

Les autorités tenteront inévitablement d’isoler les éléments combatifs d’une lutte. Celleux engagé.es dans ces formes de lutte devraient tenter d’éviter de renforcer leur isolement. On constate cela entre autres lorsque des anarchistes voient la négation comme étant l’unique contribution de valeur pour une lutte, renforçant la spécialisation ou agissant sans égard pour le contexte en ne souhaitant développer de relations qu’avec d’autres anarchistes à l’international. Cependant, la lutte contre l’isolement de ces éléments combatifs est aussi la responsabilité des anarchistes qui ont un focus plus social. Une intervention à ce niveau pourrait être de défendre publiquement les actions illégales, de refuser la fausse dichotomie entre les bons et les mauvais anarchistes et de ne pas cacher ses idées anarchistes pour s’intégrer “aux gens”. […]

Pour appuyer socialement les attaques, on pourrait lire des communiqués durant les assemblées populaires ou les citer dans les publications distribuées au porte-à-porte, toujours s’assurer de parler de la nécessité de l’action directe et du refus des canaux réformistes. Il pourrait aussi s’agir d’organiser l’occupation d’espaces populaires ou de bâtiments en coordination avec des gens prêt.es à les défendre. Par exemple, la série d’affiches-communiqués de Montréal Contre-Info offre la possibilité d’être activement complice de gestes inspirants sans qu’une telle complicité ne requiert de faire des actions semblables.

Le narratif selon lequel seuls les anarchistes attaquent doit être brisé. L’accessibilité et la reproductibilité de nos actions doit être mise en évidence par nos gestes, nos paroles et nos relations. Pour l’instant les actions qui se sont produites à Montréal autour de la gentrification dans les dernières années ne nécessitait pas une grande expertise technique. Briser des fenêtres ou même allumer des feux peut être extrêmement accessible. Tous les matériaux nécessaires peuvent être trouvés dans votre quartier. […]

Si agir illégalement est nécessairement spécialisé, nous sommes foutus. Mais, en réalité, nous savons que plusieurs formes de crime sont répandues. Nous savons aussi que les ressources et la réputation qu’exige les avenues légitimes sont incroyablement spécialisées. Nous ne dirions jamais que tous les projets anarchistes doivent être fondamentalement illégaux, mais l’illégalité n’est pas quelque chose que nous devrions fuir.

Notre critique de la spécialisation ne devrait pas se limiter aux considérations tactiques pour des luttes combatives. Elle doit aussi s’appliquer à nos vies en entier. C’est pourquoi nous rejetons l’identité du militant, de l’organisateur, etc.: ceux-ci se voient comme des spécialistes de la lutte. Pour nous, prendre part à la lutte fait partie intégrante du fait même de vivre, la lutte est donc tout simplement une partie de nos vies. Nous nous battons pour remplir nos besoins et non pas pour faire un sacrifice sur l’autel de la politique.
[…]

Répression

« Il faut se donner toujours un coup d’avance sur … la répression ».
– Mise en Commun

« Tu t’en vas en prison. Tu pourrais aller en prison pour quelque chose que tu es en train de faire ou pour quelque chose que tu as fait il y a longtemps. Tu pourrais être piégé.e et faire de la taule pour un truc avec lequel tu n’avais rien à voir. Même si tu n’as jamais enfreint une loi, tu pourrais tout de même aller en prison – le simple fait de lire ces lignes fait de toi un suspect. Plus il y aura de gens qui vivent servilement, avec obéissance, plus aisément le gouvernement pourra faire un exemple de la personne choisie.

Regarde les personnalités historiques que tu respectes, ou même tes ami.es. Si tu suis le même chemin qu’eulles, les chances sont grandes que tu ailles en prison toi aussi. Fait la paix avec ça. Imagine ton temps en prison, ce que tu y feras, comment tu passeras à travers. Tu peux aller en prison avec dignité ou tu peux y aller mollement, en aidant tes ennemis et en vendant tes ami.es. Tu peux aller en prison pour ce en quoi tu crois ou tu peux y aller sans raison, sans jamais t’être porté à la défense ni de toi-même, ni de quiconque.

Tu t’en vas en prison. Maintenant que tu le réalises, tu es libre. Tu peux aller en prison pour ce que tu veux, tu peux faire ce que tu crois être juste. Merde, si tu fais attention, tu pourrais ne pas aller en prison pour longtemps.

Si assez de gens comprennent cela, un jour il n’y aura plus de prison. En tant que personne qui s’en va en prison, tu comprends que ce jour ne peut pas arriver trop tôt. »
– Green Scared ? Leçons préliminaires du Green Scare

Mise en Commun laisse entendre que les implications négatives de nos actions (c’est-à-dire la répression) devraient être l’une des mesures à considérer dans notre ‘stratégie’. Ce discours est souvent utilisé pour justifier l’inaction. Bien sûr, des gens auraient pu et pourraient encore être arrêtées et des maisons pourraient faire l’objet de descentes. C’est toujours une possibilité. Cette possibilité est le pari nécessaire que nous faisons pour donner quelque force à nos luttes. Évidemment que la répression fait peur. Nous en avons tous.tes peur et nous pouvons nous entraider pour y faire face. Cependant il est crucial qu’un virage soit fait dans la manière dont les gens pensent et parlent de la répression. Idéalement cela doit être fait avant que cette peur ne se fasse sentir de manière plus significative, qu’elle puisse contrôler et donner forme à nos luttes jusqu’à les rendre méconnaissables.

Pour nous, la répression est une réalité inévitable de la lutte anarchiste. Notre but est de détruire l’État, l’économie et bien d’autres systèmes de pouvoir. Si nous agissons en fonction de cela, les autorités auront certainement pour réponse l’emprisonnement et les fouilles de nos maisons. Dans des endroits où l’État a l’apparence moins démocratique, c’est l’assassinat et la torture de celleux qui sont du côté des anarchistes qui advient.

Les gens feront face à de la répression et il n’y a aucune honte à se faire prendre. Nous ne pouvons pas choisir le moment où la répression s’abattra. Nous faisons face à un ennemi dont la capacité de détruire nos vies est immense. Par contre, cette peur ne devrait jamais être une raison de se distancer de ceuzes qui sont les plus à risque d’être ciblés par la répression et d’ainsi renforcer la division créée par l’État et les médias entre les bons anarchistes qui ont des opinions et des jardins communautaires et les anarchistes criminels qui brûlent des voitures et cassent des fenêtres.
[…]

La répression a pour projet de séparer et d’isoler celleux sur qui elle s’abat. En rejetant cette séparation, en ne jouant pas la mentalité de la justice du coupable-ou-innocent, nous pouvons exprimer véritablement notre solidarité les un.es avec les autres en rendant plus visibles les luttes de celleux qui font face à la répression.

Propositions pour une projectualité à Montréal

Le mot ‘projectualité’ est employé pour référer aux dimensions contextuelles et temporelles à long-terme de nos projets, de nos activités intentionnelles. Il s’agit de développer un rapport conscient et intentionnel à la projection de nos désirs et de notre force dans le monde et dans l’avenir, pour nous assurer que nos projets nous mènent là où nous le voulons et nous aident à en créer les conditions de possibilité. Appliquée à une lutte spécifique, cette intentionnalité est manifestée grâce à des interventions multiples au sein de cette même lutte. Ces dernières s’informent entre elles, à la fois dans leur continuité et dans leurs incessantes transformations, lorsque les interventions ont eu un impact changeant le contexte. Bien que ce texte place son focus spécifiquement sur les luttes contre la gentrification dans deux quartiers de Montréal, cette idée peut s’appliquer dans tout contexte de tension sociale ou de lutte contre un projet de domination. Nos batailles ne visent pas uniquement à détruire une seule manifestation spécifique de la domination capitaliste. Nous désirons aussi construire une capacité d’organisation autonome, alimenter et maintenir une tension autant que participer à répandre des pratiques combatives et des idées indomptables.

Malheureusement, nous ne pouvons pas être partout en même temps et nous devons choisir nos combats. Cela dit, les points de tension qui informent nos choix sont innombrables. Si nous pensons que la lutte contre la gentrification est un point de départ intéressant pour les anarchistes, c’est parce qu’elle a trait aux relations de pouvoir qui nous affectent dans la vie quotidienne : la police, les patrons, les propriétaires, et bien d’autres. Voilà une opportunité intéressante pour ancrer et donner de la consistance à nos projets subversifs, ce qui permettra de nourrir une lutte en continu et de donner de la force à long-terme à des pratiques d’organisation autonomes.

La constance de nos interventions dans cette tension leur procure une plus grande efficacité. Nous aimerions développer la capacité de contribuer par des activités anarchistes constantes dans un quartier au maintien de la tension, plutôt que de nous concentrer à faire de plus grandes attaques mais qui ne feront que ponctuer de grand temps morts. Cette activité constante est beaucoup moins vulnérable à la répression parce qu’elle est décentralisée. Hors des calendriers militants de ‘mouvements sociaux’, la constance combat la passivité cynique qui est la norme en temps de paix sociale. Les moments creux qui suivent les sommets des mouvements sociaux pourraient être moins dévastant si on y trouvait une base d’activité dans laquelle nous prenons une liberté d’action.

Quels projets pourraient contribuer à cette projectualité contre la gentrification? Comment nos cibles et nos méthodes pourraient-elles être plus créatives? Nous aimerions proposer quelques façons dont des anarchistes pourraient contribuer à une lutte multiforme et combative contre la gentrification. Nous pensons que ces initiatives pourraient se compléter entre elles et laisser lieu à différents savoir-faire, désirs et types de risques :

  • attaquer des bureaux de promoteurs immobiliers et favoriser l’hostilité envers ces derniers, les proprios et toute initiative de ‘revitalisation’ de la ville ;
  • apporter du soutien à des espaces autonomes et à des infrastructures telles des centres sociaux, des logements et des jardins occupés, pour remplir nos besoins en étant plus autonome face à l’État et au Capital ;
  • saboter la promotion et la construction de condos ;
  • développer des réseaux de solidarité pour se défendre contre les évictions, agir directement et collectivement avec des gens du quartier. Des compagnon.nes de St-Henri ont fait l’expérimentation d’un réseau de solidarité basé sur le modèle élaboré à Seattle. Illes ont eu pour principal obstacle le fait que la plupart des gens préféraient se référer à la Régie du Logement (le corps officiel où déposer des plaintes, contester des hausses de loyer et se battre contre les évictions). Nous désirons proposer l’idée d’un réseau de défense contre les évictions qui pourrait être utilisé par les gens que le système de ‘justice’ ne supporte pas ;
  • mettre en danger la propriété des yuppies pour que le quartier leur soit indésirable ;
  • trouver des gens hors de nos réseaux pour nous battre ensemble. Ceci pourrait prendre la forme d’une occupation temporaire de la Place Valois ou d’autres carrés populaires, pour distribuer de la littérature et de la nourriture, ou en temps de plus grande tension sociale, d’occupations permanentes. Ces connexions pourraient aussi se produire en organisant des assemblées populaires.
  • miner le contrôle social dans le quartier : dégrader ou détruire des caméras de sécurité, briser des tourniquets de métro pour rendre le passage gratuit et développer des relations avec vos voisins, s’assurer qu’illes ne parleront pas à la police si elle vient cogner à leur porte pour poser des questions sur vous ;
  • déranger les événements ou les avancées que la police ou la ville organise pour tenter de pacifier la situation ;
  • attaquer la police chaque fois que vous en êtes capables : dans les manifs autant que dans leurs fonctions quotidiennes ;
  • miner la légitimité des médias en les attaquant.

Bien que vandaliser les façades des commerces yuppies puisse fournir un contexte pour d’autres actions, nous ne pensons pas qu’il faille nous reposer excessivement sur cette tactique. Dans les dernières années, nous avons apprécié les quelques fois où l’intérieur des boutiques et leur marchandise ont été aspergées de peinture, puisque cela démontre un mépris fondamental pour la marchandise elle-même, et que ça a empêché le fonctionnement de l’entreprise attaquée.

D’un autre côté, nous devrions éviter de personnifier le capitalisme trop fortement dans la figure de gentrificateurs spécifiques, comme Corey Shapiro (un propriétaire de commerce du quartier St-Henri). Dans un contexte donné, si ces actions sont les plus fréquentes, elles courent le risque d’attirer l’attention sur les aspects flagrants et obscènes de la gentrification (sa façade, si vous voulez) sans en adresser les fondements.
[…]

Briser les limites des luttes spécifiques

Nous pensons que lorsque les anarchistes interviennent dans des luttes partielles, il est crucial de tenter d’étendre celle-ci à la lutte contre tous les systèmes de domination. Même si le pouvoir nous apparaît comme une totalité, nous battre contre lui n’est possible qu’en attaquant ses projets et ses manifestations spécifiques. Pour favoriser la solidarité entre les luttes et prévenir la récupération, il est important de lier nos luttes partielles aux systèmes totalisants. La lutte contre la gentrification doit être connectée aux luttes centenaires contre la colonisation des peuples autochtones qui se battent pour la souveraineté et l’auto-détermination. Même les luttes avec des objectifs, des formes ou des contenus différents peuvent se supporter mutuellement. Cela peut se faire à travers le partage d’apprentissages et de ressources, en attirant l’attention l’une sur l’autre, ou simplement en continuant à se battre contre les forces qui les perpétuent toutes : l’aliénation de nos moyens de survie, l’oppression raciste et patriarcale, et l’exploitation capitaliste. Voilà les ingrédients d’une solidarité révolutionnaire.

Un des problèmes qui survient continuellement dans la lutte contre la gentrification est la manière dont elle est séparée de la lutte contre le Capital et les autres systèmes de domination. Plusieurs se perdent dans cette vision étroite, à savoir ce que ‘gagner’ veut dire contre l’unique ‘enjeu’ de la gentrification. Ielles se battent alors contre elle comme si elle était isolée. Si nous aussi nous avons envie de revendiquer des victoires, nous voulons cependant élargir les critères qui les déterminent. Pour nous, nous ne gagnons que lorsque d’autres luttes et notre capacité future à nous battre sont renforcées. Si ‘gagner’ contre la gentrification signifie de renforcer la municipalité, l’État ou la Gauche, ce n’est pas une victoire, mais plutôt de la récupération.

Ni Montréal, ni Canada

Nous sommes inspiré.es par le texte ‘150, 375: vive les rebelles!’ publié récemment qui appelle à des actions de perturbation contre Montréal et le Canada dans le cadre des célébrations pour leurs anniversaires coloniaux. Nous pensons que cet appel souligne des opportunités pour une projectualité concertée entre les anarchistes habitant le territoire dominé par l’État canadien. Nous apprécions que le refus de l’État-nation en soit le point de départ. Effectivement, attaquer les manifestations spécifiques du projet génocidaire canadien correspond de près à la perturbation des fondements de la domination sur ce territoire.

Dans la seconde semaine de 2017, des anarchistes agirent contre ces anniversaires en bloquant avec des pneus en feu l’autoroute qui traverse Hochelaga à l’heure de pointe tôt le matin. Des actions comme celles-ci, ainsi que d’autres, peuvent permettre d’utiliser l’énergie organisée d’un quartier pour tracer des liens de solidarité entre celleux qui luttent contre la gentrification dans un certain secteur de la ville et celleux qui se battent contre le projet capitaliste colonial du Canada sévissant depuis bien avant notre époque. Nous ne désirons pas mentionner cela comme des paroles en l’air ni pour nous positionner comme allié.es. Cette position efface trop souvent nos propres raisons de lutter contre ce qui nous affecte énormément : que ce soit la vie quotidienne sous le capitalisme, en passant par les frontières et les autres formes de contrôle. La lutte entière est renforcée lorsque nous pratiquons une solidarité révolutionnaire active ou que nous luttons contre les dispositifs du pouvoir étatique et contre le contrôle des endroits où se déroulent nos vies.

Une solidarité qui détruit les frontières

L’élection récente de Donald Trump signale un changement de contexte au sud de la frontière. Nous avons pu y constater le durcissement de l’extrême droite et de l’activité fasciste. Dans notre contexte, on y trouve des échos dans l’assassinat récent de six personnes musulmanes à la mosquée de Québec par un supporter de Trump et dans la manifestation fasciste qui a réussi à prendre la rue avec succès pour la première fois à Montréal depuis des décennies. Si Trump se distingue de tout autre candidat avec sa stratégie de représentation, dans sa rhétorique et dans le fait qu’il ait nominé des personnes ayant des liens flagrants avec des groupes suprématistes blancs, il ne fait que rendre explicite un cauchemar qui était déjà présent. Mais cette présentation explicite a créé une rupture. On assiste maintenant à l’émergence d’un conflit social répandu contre les autorités, des fermetures d’aéroports aux émeutes dans les capitales de la nation, ayant pour horizon la possibilité de devenir ingouvernables.

La menace du fascisme rampant au Canada ne doit pas être ignorée. Il est dangereux que ces activités de l’extrême-droite soit vues comme exceptionnelles et indépendantes du projet fondamentalement génocidaire et xénophobe de ce pays. Alors, comment démontrer l’importance du combat contre la gouvernance en soi, que le Léviathan du pouvoir étatique utilise des discours d’extrême-droite, un multiculturalisme libéral ou la récupération gauchiste pour continuer l’occupation des terres volées et la domination des blancs et de la civilisation occidentale ? Une fois de plus, il faut nous battre localement et communiquer avec celleux qui se battent ailleurs. Lorsqu’illes nous voient, illes sont inspirées à continuer de se battre un jour de plus.

Essayons d’avoir un impact sur la capacité des gens aux États-Unis à demeurer ingouvernables à partir de là où nous sommes. Comment pouvons-nous perturber et bloquer l’économie américaine du côté nord de la frontière ? Où sont les valves de pétrole, les points stratégiques du système ferroviaire, et les autoroutes dont son économie dépend ? Comment pouvons-nous affaiblir la frontière canado-américaine, nous battre contre les déportations qui renvoient les gens aux USA et devenir une ressource pour celleux forcé.es à fuir ?

Mots de la fin

“ La gentrification c’est un processus du capitalisme et du colonialisme comme d’autres. Ça a l’air inévitable, et ça l’est peut-être, mais ça vaut tout de même le coup de lutter contre et de ne pas se laisser faire. Dans le monde insupportable dans lequel on vit, j’ai l’impression que ma vie peut juste trouver un certain sens si je me bats…Au mieux, le processus de gentrification va se déplacer ailleurs, si un quartier résiste. Quand même, lutter contre le capitalisme et l’État, ça ouvre des possibles qui ne peuvent pas exister autrement.”
– Defend the Hood, interview avec subMedia

Nous souhaitons que nos projets soient aisément communicables. Cependant, nous n’avons pas d’audience particulière en tête, qui soit généralisable, comme ‘le peuple’ (ou, à ce compte, tout autre sujet révolutionnaire), puisqu’on ne peut y voir qu’une audience passive prête à consommer des idées réduites au plus-petit-dénominateur-commun. C’est notre désir de nous battre et de remettre tout en question que nous désirons communiquer à de potentiels complices, avec lesquels nous pouvons construire des relations réciproques de lutte.

Une conception anarchiste de l’insurrection cherche à ce que des éléments anarchistes se diffusent et traversent une population à un moment donné, plutôt que d’être à la recherche d’une masse nombreuse. Ces éléments auraient pour base le rejet d’agents récupérateurs comme la politique (qu’elle soit grassroot ou institutionnelle).

Tout en reconnaissant l’inévitabilité (et la désirabilité) de différences ‘stratégiques’ et de désaccords à travers (et au sein) des milieux, nous cherchons une ‘mise en pratique’ hétérogène et décentralisée des expérimentations anarchistes à Montréal. Nous espérons que nos réflexions et nos critiques pourront favoriser la solidarité et des différences respectueuses, et qu’elle sera reçue avec ouverture et bonne foi. En ce qui a trait aux actions et aux projectualités jugées désirables, nous sommes intéressé.es à entendre parler des idées d’autres gens. Comment ces idées pourraient-elles contribuer à quelque chose qui les dépasse dans leur spécificité ? Comment les autres camarades pensent-ils que nos projets puissent se rencontrer ? Nous aussi, nous en avons assez d’attendre une grève étudiante ou la construction d’un pipeline’ et nous pensons qu’il est intéressant de ‘créer un climat d’insécurité dans le quartier en maintenant un certain niveau de vandalisme’. […]

Qu’ils mangent de la peinture! : action de dégentrification contre “3734”

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Juin 202017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il y a un peu plus d’un an, une foule de gens masqués a exproprié la marchandise de l’épicerie yuppie attachée au restaurant “3734” sur la rue Notre-Dame et a redistribué la nourriture aux gens du quartier. Voilà une des actions contre la gentrification parmi les dizaines s’étant produites dans les dernières années. L’épicerie a fermé ses portes il y a quelques mois, mais nous avons remarqué que le restaurant 3734 servait encore des lunchs aux gens d’affaires et des soupers onéreux aux yuppies du coin. Alors mercredi dernier, nous leur avons rendu visite, avons brisé une fenêtre et couvert l’intérieur du restaurant de peinture à l’aide d’un extincteur.

« Mais qu’est-ce que le vandalisme accomplit contre des commerces? » Lorsque ces commerces participant à la gentrification ont été pris pour cible, les médias de masse ont affirmé que les vandales étaient à côté de la plaque parce que ces commerces ne jouent qu’un petit rôle dans le processus plus large de la gentrification. Ceuzes d’entre nous opposé.es à la gentrification pouvons tirer la conclusion opposée: ça ne veut pas dire que les cibles sont sans intérêt, mais que nous devons simplement les accompagner de cibles plus diversifiées et que les actions doivent se généraliser! Nous sommes prêt.es à parier que des actes répétés de vandalisme et l’augmentation des primes d’assurance peut faire une différence pour les petits commerces branchés qui ont de la difficulté à garder la tête hors de l’eau, et pour dissuader des investissements futurs qui solidifient la gentrification. Avez-vous entendu? Après des attaques dégentrificatrices, des commerces de St-Henri continuent à fermer : Campanelli, le bar à jus de Shapiro, et l’épicerie du 3734. En voilà trois qui ferment dans la dernière année et demi.

La gentrification est une opération de déplacement, aux côtés de processus sur un temps plus long comme le colonialisme et l’incarcération de masse, que ceux au pouvoir utilisent contre quiconque fait obstacle au développement, au contrôle, et au “progrès”. Nous sabotons les commerces gentrificateurs de nos quartier(s) pour les mêmes raisons qui en poussent d’autres à attaquer la police, à faire du sabotage contre les projets de développements industriels, à rendre les frontières incontrôlables, et à insulter les fascistes.

On nous dit que si on veut changer les choses, on a juste à aller voter, à écrire aux représentants élus, ou à manifester paisiblement, mais tout le monde sait qu’il ne faut pas croire à ce mensonge usé. Nous désirons changer infiniment plus qu’il ne sera jamais possible en performant le rôle du bon citoyen ou en obtenant une bonne couverture médiatique pour une liste de demandes adressée à ceux au pouvoir. Les canaux “légitimes” offerts par cette société peuvent amener des réformes par rapport à certains détails spécifiques reliés aux systèmes d’oppressions, mais elles ne font rien pour démanteler les systèmes d’oppression eux-mêmes, et ces canaux sont souvent conçus pour que nous soyions plus dépendant face à eux. Voilà pourquoi nous refusons le dialogue avec les commerces gentrificateurs, et que nous allons plutôt briser leurs fenêtres et leur marchandise. Des actions qui ont un impact direct sur notre environnement, sans la médiation des politiciens et de leur monde. Dans une société où la valeur de la propriété est plus grande que celle de la vie, nous devons détruire la propriété pour pouvoir vivre.

Tanné.es des réunions inutiles ou de rester assis.es à la maison devant votre mur Facebook? Essayez une balade nocturne avec un.e ami.e, un masque et une massue. C’est possible d’attaquer, peu importe qui vous êtes, et si vous faites attention vous pourriez faire beaucoup sans vous faire prendre – pour lire des conseils, allez regardez cette recette pour des actions nocturnes. Rendons St-Henri hostile aux commerces yuppies, aux développeurs, à la police, et aux riches qu’elle sert!


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L’invasion de commerces : une tactique pour combattre la gentrification?

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Mai 262017
 

Pour l’article complet (en anglais) voir ici

Cet hiver, j’ai visité la ville de New York, où j’ai participé à une manifestation vraiment inspirante de Black Lives Matter appelée la People’s Monday March. Illes utilisaient une tactique que j’appellerai l’Invasion de Commerces, qui permet à un petit groupe de gens de faire entendre un message politique de manière à ce qu’il ne puisse être ignoré.

La première moitié de l’article qui suit est tiré d’un compte-rendu que j’ai écris le jour après l’action. La seconde moitié est constituée de réflexions sur la manière dont cette tactique pourrait s’appliquer à Montréal par des anarchistes pour lutter contre la gentrification.

Je suis certain.e que nous pourrions adapter cette tactique, la mettre en pratique différemment que ce je propose ici, alors j’espère que cet article permettra de nourrir un brainstorming.

COMPTE-RENDU DE LA PEOPLE’S MONDAY MARCH – 9 FÉVRIER 2017

J’ai tendance à juger du succès d’une manifestation en fonction du sentiment qu’elle procure aux gens qui y participent. Est-ce qu’on en sort avec l’impression qu’on a fait tout cela symboliquement, pour la forme, ou est-ce qu’on a plutôt l’impression d’en sortir crinqués, prêt.es à se battre contre le pouvoir. Cette manif à NYC appartenait certainement à la seconde catégorie.

La People’s Monday March a lieu depuis plus de deux ans. Elle est organisée par le groupe NYC Shut It Down, un groupe multiracial dirigé par des personnes de couleurs. Depuis deux ans se tient cette marche issue d’un désir de maintenir l’énergie du mouvement de 2014 dont l’agitation a commencé à la suite du meurtre d’Eric Garner par la police. Chaque marche se tient à la mémoire d’une différente victime de meurtre policier. La première a eu lieu le 9 février 2015, et on m’a affirmé que, depuis lors, il y a eu une marche chaque lundi, sans faute, peu importe la température. Au début, chaque People’s Monday March débutait à la station Grand Central, mais au fil du temps elle a été organisée dans différentes parties de la ville. Parfois illes iront à Brooklyn, Harlem, Queens, etc. et alors une manifestation à l’ambiance militante aura lieu dans un quartier où elles se tiennent rarement. Une des réflexions derrière cette pratique est d’amener des gens du quartier à prendre la rue, ce qui semble avoir eu du succès.

J’ai participé à la People’s Monday March le 13 mars. À 7hpm, un groupe d’une trentaine de personnes s’est rassemblé dans le parc Washington Square en plein coeur de Manhattan. La marche n’avait pas de permis et l’itinéraire n’avait pas été annoncé à l’avance, ce qui n’a pas empêché le groupe de prendre immédiatement la rue. À travers la marche, NYC Shut It Down fait preuve de courage et a eu confiance en son propre pouvoir non seulement en désobéissant aux ordres policiers, mais aussi en contrariant la police en l’insultant de très près. Gardez en tête qu’il n’y avait pas une grande foule où se réfugier si un flic se pompait et décidait d’attaquer. Ces gens ont des gonades.

[…] Le groupe a d’abord envahi un bar, puis un restaurant fancy, puis une épicerie biologique Whole Foods où il y avait une longue file aux caisses.

Le but d’aller dans ces endroits est de forcer une audience captive à écouter un message politique. Pour ce faire, illes ont utilisé la tactiques du Mic-Check d’Occupy. Un.e porte-parole parle le plus fort possible puis tout le monde répète ses propos aussi fort que possible.

[…]
Que peut-on apprendre de cela? Soyez audacieux.euses. Soyez provocant.es. Ayez un message spécifique. Parlez fort. Dites ce que vous pensez. Et rendez tout ça social – après les People’s Monday, les camarades se rassemblaient pour socialiser dans un resto de quartier.

[…]

Il y a un élément rituel aux People’s March… ce qui est une bonne chose. Par exemple, chaque marche se termine avec la prière d’Assata. Les participant.es se donnent la main et chantent ensemble : « Notre devoir est de nous battre pour la liberté. C’est notre devoir de gagner. Nous devons nous aimer et nous protéger les un.es les autres. Nous n’avons rien à perdre que nos chaînes. »

Je pense qu’un rituel hebdomadaire pourrait contribuer à construire un mouvement. Des événements publics offrent l’opportunité aux gens de se rencontrer, et nous connaissons la lenteur avec laquelle les activistes accordent leur confiance. Les gens ont besoin de se familiariser aux autres avant de travailler ensemble. Un plus petit groupe permet plus facilement aux gens d’apprendre à se connaître.

[…]

UNE TACTIQUE POUR LUTTER CONTRE LA GENTRIFICATION?

Au début de cet article, j’ai dit que je pensais que cette tactique pourrait être intéressante dans la lutte contre la gentrification à Montréal. Ce que je veux dire, c’est que des anarchistes pourrait prendre l’habitude d’envahir des commerces gentrificateurs dans différents quartiers, comme St-Henri ou Hochelaga. Peut-être que ça pourrait se faire d’abord sur une base hebdomadaire, pour populariser la tactique. Si l’idée est bien reçue, peut-être que ça pourrait se faire à des moments plus impromptus. Par exemple, si une gang d’anarchistes sont au même endroit au même moment, pour un concert, un événement, une manif, etc. une invasion pourrait se produire quasi-spontanément. […]
[…]
Bien sûr, pour avoir du succès, un mouvement doit se doter d’objectifs atteignables. « Lutter contre la gentrification » n’est pas une stratégie. Un mouvement a besoin d’objectifs atteignables – d’objectifs mesurables. Faire fermer un commerce particulier est certainement possible – et honte à vous si vous doutez de moi! Comment allons-nous détruire l’État si nous n’arrivons pas à faire fermer une boutique de bobos?

Pour rendre la victoire imaginable, il n’y a pas de meilleure propagande que la victoire. La petite victoire que représenterait la fermeture d’un bar de hipster, un spa pour chiens, ou une boutique de luxe, donnerait aux participantes de la lutte anti-gentrification un avant-goût de leur propre puissance.

Recettes pour des actions directes nocturnes

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Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

[Lire]
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« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!

Coucou les bobos

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit du 19 mai, nous avons décidé de nous rassembler pour attaquer le restaurent Ludger, le bureau de Projet Montréal et le IGA de Saint-Henri.

Si nous avons attaqué-es le Ludger, ce n’est pas seulement pour dénoncer les plats trop cher qu’on y sert, mais pour s’attaquer au mode de vie des jeunes professionnels yuppis qui viennent envahir les quartiers populaires avec tout leur fric et qui contribue largement à l’exclusion des pauvres dans le quartier.

Si nous avons attaqué le bureau de Projet Montréal ce n’est pas seulement pour leur rôle dans la gentrification du quartier en sortant l’argument de la mixité sociale et en favorisant l’implantation de nouveaux commerces et de nouveaux projets de condos. Nous avons attaqué le bureau, car c’est le monde politique au grand complet qu’on voulait attaquer. Nous refusons d’être représentés et diriger par quelqu’un-e d’autre que ce soit le premier ministre ou un député d’arrondissement. Nous sommes maîtres de notre propre vie.

Si nous avons attaqué le IGA ce n’est pas seulement parce que la bouffe y est trop cher, mais parce que nous croyons que bien manger ne devrait pas être un luxe, mais quelque chose de gratuit et accessible à tous et à toutes. Dans ce quartier, certaines personnes ont faim et nous ne voulons pas être des observateurs désolés de la situation.

Nous sommes très conscient-es qu’en s’attaquant à ces cibles ce ne sont pas les grandes institutions capitalistes qui ont été visées. Il reste que ces commerces sont le reflet, à plus petite échelle, d’un monde qui favorise toujours les plus nantis face aux plus pauvres qui subissent toujours plus la misère. C’est pourquoi nous avons voulu pendant un instant renversé l’ordre des choses et faire comprendre à ces gens qu’ à force de se faire piétiner dessus à chaque jour nous pouvons aussi mordre. Nous voulons une vie riche pas une vie de riche.

Nous avons été réjoui-es le lendemain matin en voyant dans les nouvelles que d’autres commerces avaient été attaqués dans la même nuit à Verdun.

p.s On espère ne pas avoir trop déranger votre petit souper du vendredi.

Des insoumi-ses


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