Montréal Contre-information
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Chicoutimi : une personne s’immole dans le futur quartier numérique

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Sep 162021
 

Du Collectif Emma Goldman

Un événement d’une tristesse sans nom est survenu vendredi dernier, 10 septembre, lorsqu’une personne s’est immolée devant des policiers dans un stationnement en face du palais de justice au centre-ville de Chicoutimi. Une tragédie qui, dans certaines villes, aurait engendré des émeutes bien méritées contre les pouvoirs en place. Comme un rappel que nous sommes tanné.e.s de crever dans ce système pourri. La personne en question, dont le but ici n’est pas de faire sa biographie et de coller des intentions sur son acte, connu pour avoir fréquenté dernièrement la Maison des sans-abri, est maintenant dans un état stable à l’hôpital de Chicoutimi malgré les graves brûlures qu’elle a subies.

Cet événement tragique reflète la réalité qui règne au centre-ville depuis plusieurs années. Dans le quartier le plus défavorisé de Chicoutimi, la situation se dégrade de plus en plus pour les moins nantis, engendrant une détresse devenue insupportable pour plusieurs. Des maisons de chambres qui passent au feu mettant à la rue des personnes déjà proche d’y vivre, le manque de ressources et la difficulté d’accéder aux services en santé mentale, une offre alimentaire bien limitée, une répression toujours plus présente avec l’augmentation des patrouilles policières et l’embourgeoisement du centre-ville qui amène des entreprises privées et des restaurants « chics, branchés » avec des menus très dispendieux, et en plus de cela, les initiatives mises en place pour aider les plus démunis manquent cruellement de ressources et ne parviennent pas à aider efficacement toutes les personnes [1] qui en ont besoin et qui vont chercher cette aide précieuse (ex : Travail de rue, Café-Jeunesse, etc.). Pour les politiciens locaux, c’est comme-ci personne ne vivait au centre-ville ou bien celles qui l’habitent sont perçues comme un problème à régler, une entrave au développement du quartier. Ce territoire vierge est un terrain de jeu qu’ils peuvent modeler comme bon leur semble. Commerces, restaurants et stationnements, voilà ce qui pousse comme des champignons au centre-ville. La seule fois où les élus ont eu l’air de comprendre que des gens vivent dans le quartier, c’est quand ils ont déplacé le poste de police au centre-ville afin de « sécuriser » la place dans le but d’attirer des entrepreneurs.

En 2015, peu de temps après l’implantation du nouveau poste de flics, Karine Potvin, propriétaire de l’École musicale du 94 rue Jacques-Cartier Est et qui était à l’époque administratrice de l’Association des centres-villes, résumait bien la situation (sans le vouloir) dans Horizon commerce, le Bulletin commercial de Promotion Saguenay :  « Les gens d’affaires et les habitants du quartier commencent tout juste à s’approprier leur nouvel environnement après plusieurs années d’incertitude. Au début, ils se disaient que c’était trop beau pour être vrai! Ils sont d’autant plus satisfaits et confiants qu’ils constatent que le niveau de sécurité a connu une amélioration fulgurante avec l’implantation du poste de police. ». Le pauvre, on le traque, on le cache, car il faut nettoyer le quartier des indésirables. Mais les gens ne disparaissent pas et les problèmes sont transportés ailleurs, comme dans le quartier Saint-Paul (pas très loin du centre-ville) où de plus en plus de personnes pauvres se réfugient, étant chassé du centre-ville soit par la répression ou le manque de logements abordables engendré, entre autres, par les maisons de chambres qui ont passé au feu mais qui n’ont pas été reconstruites.

Toutefois, il ne faut pas se méprendre. Les politiciens et les politiciennes sont bien au courant des problématiques de pauvreté au centre-ville de Chicoutimi. Ils/elles voient passer les études comme tout le monde. S’ils/elles ne font rien, c’est par ce qu’ils/elles veulent, c’est défendre leurs intérêts et aider les gens de leur classe sociale, les entrepreneurs, les propriétaires et les investisseurs. Rappelons que bien des politiciens locaux, Simon-Olivier Côté en tête (conseiller municipal au centre-ville), sont eux-mêmes des entrepreneurs et des propriétaires de commerces et de logements. C’est la lutte des classes en action. Il n’y a donc rien à attendre des élus, jamais ils ne viendront réellement en aide aux pauvres. Ils feront quelques concessions quand la situation sera devenue intenable, 2-3 miettes lancées par terre qui les feront passer pour de bons samaritains. S’il faut encore s’en convaincre, simplement lire ce qui suit…

10 millions de dollars pour un quartier numérique au centre-ville de Chicoutimi

Sous l’administration de Jean Tremblay, les élus voulaient faire du centre-ville un quartier des affaires. Maintenant, avec Josée Néron, c’est au tour du quartier numérique! Un nouveau branding bien vendeur et propre. « Le ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui avait déjà annoncé cette enveloppe de 10 M$, s’est dit heureux de ce pas important dans la revitalisation du centre-ville de Chicoutimi. », peut-on lire dans un article du journal Le Quotidien [2]. Pour les politiciens au pouvoir (autant au régional qu’au provincial), la revitalisation du quartier passe par l’injection de millions afin d’attirer des entreprises et non pas par des mesures sociales qui viendraient aider plusieurs centaines de personnes qui habitent le quartier (!!) à s’extirper de la pauvreté. Quand ils annoncent sourire aux lèvres la revitalisation du centre-ville, ils supposent que l’on habite un quartier qui a perdu sa force vitale et là-dessus, ils ne se trompent pas. Mais s’il faut revitaliser le quartier, c’est via des  mesures sociales qu’il faut le faire. On crève au centre-ville. On ne crève pas du manque de stationnements ou du manque de jeunes professionnels friqués du domaine du numérique (de toute façon, nous les paumé.e.s, on ne peut pratiquement pas se payer de voiture ou d’ordinateur). On crève de faim, on crève de chaud, frappés par un char, de violence conjugale, on crève d’overdose, on crève de misère. Comme les études, les statistiques et les cris du cœur des organismes communautaires du quartier ne suffisaient pas à le faire comprendre, maintenait une personne s’immole sur la rue Racine, peut-on être plus clair?

À terme, ce nouveau quartier numérique pourrait même devenir une zone d’innovation : « Confirmées par le gouvernement Legault à la fin de l’automne 2020, les zones d’innovation seront en quelque sorte des parcs industriels nouveau genre, qui vise à stimuler les projets de recherche appliquée entre les grandes entreprises et celles qui sont en démarrage. » [3]. Un parc industriel « nouveau genre », en plein ce dont les personnes pauvres ont besoin!

Il est évident que les changements vont venir d’en bas, c’est-à-dire des personnes qui vivent ces injustices et les organisations de base qui militent jour après jour sur le terrain pour l’amélioration des conditions de vie des gens du quartier. Il faut s’organiser entre laissés-pour-compte, se rencontrer, discuter et créer nos propres alternatives qui vont nous permettre d’améliorer nos vies et de combler nos besoins. Mettons en place un rapport de forces avec lequel nous serons capables de lutter contre ceux et celles qui profitent de notre misère; les politiciens, les propriétaires et les entrepreneurs véreux!

Un travailleur précaire qui vit et travaille au centre-ville de Chicoutimi depuis une décennie 

1. Certaines personnes ne peuvent pas recevoir de dépannage alimentaire par manque de ressources.

2. Patricia Rainville. 10 M$ pour un quartier numérique à Chicoutimi, Le Quotidien

3. Ibid

Le 15e Festival international de théâtre anarchiste de Montréal recherche des pièces !

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Sep 102021
 

Du Festival international de théâtre anarchiste de Montréal

Le FITAM se prépare pour 2022 ! Nous sommes à la recherche de pièces pour notre prochaine édition. L’événement se déroulera à Montréal dans une salle de spectacle, ou bien à distance en événement virtuel selon les circonstances. Vous avez jusqu’au 30 novembre 2021 pour acheminer vos candidatures. Nous avons hâte de vous lire !

Date limite d’inscription : 30 novembre 2021

Le Festival international de théâtre anarchiste de Montréal (FITAM), seul festival au monde dédié au théâtre anarchiste, recherche des pièces, textes et monologues, spectacles de danse-théâtre, mime, marionnettes, en français ou en anglais, portant sur le thème de l’anarchisme ou sur tout sujet se rapportant à l’anarchisme, c’est-à-dire en opposition à toute forme d’oppression comme l’État, le capitalisme, la guerre, l’aliénation, le patriarcat, etc. Le FITAM accepte les pièces traitant de justice écologique et sociale, de féminisme, de racismes, de luttes de classes et de genres, dans une perspective libertaire, provenant d’auteur·e·s anarchistes et non-anarchistes.

Deux Tonkas incendiés sur les terrains de Ray-Mont Logistics

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Août 282021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

M. Raymond,

Nous apprenions récemment que vous vous étiez qualifié pour une subvention du Gouvernement du Québec d’une somme de 580 000$ pour votre contribution à la lutte contre les changements climatiques. Félicitations! Nous tenions également à mettre la main à la pâte. C’est pourquoi nous avons décidé d’alléger l’attirail de votre machinerie lourde en grillant deux de vos Tonkas. Dans la nuit du 25 au 26 août, nous avons incendié une pelle mécanique et un bulldozer sous les yeux endormis du gardien de nuit.

Laissez donc les peupliers et les poissons tranquilles! Prenez un peu de temps pour vous, au chalet, ou à la mer. Peut-être qu’une balade en forêt vous fera réaliser qu’en votre béton il n’y a point de vie.

Il semble évident que la bête acharnée de travail que vous êtes n’est que très peu affectée par la perte de quelques engins. En effet, nous constatons que les travaux vont bon train malgré tout. Vous faites fausse route. Le chantier doit cesser immédiatement et nous nous attèlerons à cette tâche becs et ongles, coûte que coûte. L’invitation est donc lancée pour un automne chaud!

On se revoit très vite.

Des citoyens concernés

Articles refusés

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Août 242021
 

En tant que plateforme anarchiste de contre-information, nous cherchons à être un outil et une ressource pour un grand nombre de collectifs et d’individus, ayant des idées, des pratiques et des besoins différents. Par contre, les réalités de la surveillance policière, prenant pour cible toutes formes d’infrastructures associées aux mouvements radicalement opposés à l’ordre social, nous obligent à gérer le projet en cercle restreint. Voilà une tension au sein de ce projet qui nous a fait réfléchir à quelques occasions au cours des dernières années. Nous ne croyons pas être en mesure d’y échapper.

C’est plutôt pour y pallier que nous avons voulu ajouter un certain niveau de transparence à nos pratiques, en publiant en continu une liste des soumissions dont nous refusons la publication, avec la raison de ce refus. Cette pratique emprunté à certains des sites Indymedia prend la forme d’une page que vous trouverez ici, composée pour le moment de quelques exemples tirés des derniers mois afin d’illustrer l’affaire.

D’autres déclarent offrir une tribune pour une grande diversité de tendances, visant à rassembler un maximum de groupes autour d’une unique plateforme au nom de la consolidation, en s’engageant à ne pas centraliser la ligne idéologique, mais refusent tout de même la publication de textes qui posent problème pour l’idéologie dominante au sein du projet, sans devoir rendre compte à personne. Nous tentons de prendre une autre voie : nous voulons diffuser une vision claire des luttes révolutionnaires et anti-autoritaires à partir du contenu publié sur notre site, en laissant place aux débats qui nous aident à approfondir nos idées et à aiguiser nos pratiques, sans prétendre être la plateforme pour toute et chacune des initiatives contestataires et en étant transparente sur les raisons pour lesquelles nous refusons parfois certaines soumissions.

Nos consignes de soumission demeurent les mêmes, ils peuvent être consultés ici.

Nous prenons l’occasion pour souligner que nous ne publions généralement pas les textes en format communiqué de presse, conçu pour remplir les exigences des médias de masse. Nous cherchons à créer un espace pour les récits et réflexions destinés en premier lieu aux gens directement concerné.es par les luttes.

Nous avons aussi tendance à refuser des publications n’ayant aucun lien avec Tiohtià:ke (Montréal), avec une autre région dans les environs ou avec une lutte ailleurs sur le continent que nous croyons importante relativement à notre contexte, comme les luttes de défense de territoire autochtone au soi-disant Canada.

Solidairement,
MTL Contre-info

Une santé à l’échelle humaine : un.e anarchiste vacciné.e opposé.e au passeport vaccinal

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Août 232021
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

Traduction de Attaque

Le Québec est en train de mettre en place, pour les prochains jours, un système de passeport vaccinal et l’Ontario va probablement faire de même. Le pass est un document confirmant votre identité et votre statut vaccinal, qu’il faudra présenter pour accéder à de nombreux endroits. Pas un jour ne passe ici sans qu’il y ait une avalanche de lettres ouvertes et de messages sur les réseaux sociaux demandant l’obligation de montrer un pass pour se déplacer en la ville, avec chaque travailleur.euse qui se verrait donc attribuer une fonction de flic.

J’ai été entièrement vacciné.e dès que ça a été possible pour moi et tou.te.s mes proches ont fait pareil. Cependant, je pense que le pass vaccinal est quelque chose d’abject et que ceux/celles qui le recommandent commettent une grave erreur.

Le choix de ma bande de se faire vacciner n’était qu’un des résultats des discussions en cours sur la façon de se rapporter à la santé collective pendant la pandémie. Nous n’avons pas obéi aux mesures de confinement ou aux règles relatives aux rassemblements – nous avons établi nos propres lignes de conduite, sur la base de nos propres considérations éthiques, politiques et pratiques. Nous avons posé une question différente. Parfois, cela nous a conduit.e.s à être plus prudent.e.s que ce que la loi permettait, parfois cela a signifié enfreindre les règles. Nous étions loin d’être les seul.e.s dans ce cas et je sais que mon cercle de proches a bénéficié des discussions d’autres personnes.

La pandémie a été quelque chose d’unique dans notre vie, mais ses défis éthiques ne le sont pas : le contrôle du comportement des autres est un élément central dans la politique démocratique. Le gouvernement nous considère comme une masse de personnes à gérer, en vue de différents objectifs, en particulier le profit et la paix sociale. Ils regardent le monde d’en haut, à travers un prisme de domination et de contrôle – c’est autant le cas pour la pandémie que pour le changement climatique et la pauvreté. Des politiciens et des partis différents auront des priorités différentes et notre possibilité d’agir est réduite à préconiser la façon dont nous voulons être géré.e.s – ou la façon dont nous voulons être géré.e.s par ces autres personnes.

Nous en venons à intérioriser la logique de la domination et à mettre les besoins de l’ordre et de l’économie avant les nôtres. Nous commençons à regarder le monde d’en haut, nous aussi, loin de nos propres expériences, de nos désirs, nos idées, nos valeurs et relations. « C’est ça la guerre sociale : une lutte contre les structures de pouvoir qui nous colonisent et nous entraînent à regarder le monde du point de vue des besoins du pouvoir lui-même, à travers le prisme métaphysique de la domination. »

Dans le contexte de la pandémie, regarder le monde d’en haut signifie comprendre la situation à travers les médias institutionnels (qu’ils s’agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux), à travers des cartes avec différents couleurs, à travers des zones désignées comme « rouges », à travers les débats politiques, à travers des règles énoncées par des experts (je veux leur connaissance, pas leur autorité). Cela signifie penser à nos propres décisions en termes de ce que tout le monde devrait faire, agir nous-mêmes de la manière dont nous pensons que tout le monde devrait agir. Nos propres priorités disparaissent et la possibilité d’action des autres est perçue comme une menace.

En tant que mesure étatique contre le Covid-19, le passeport vaccinal ressemble aux couvre-feux et aux confinements, aux amendes majorées et aux pouvoirs coercitifs accordés aux règlements administratifs. Il s’agit d’une mesure d’ordre public. Toutes ces restrictions sont censées empêcher le genre de conversations qui ont fait descendre les gens dans la rue, ces derniers mois, pour défendre des campements, pour démolir des statues et rendre hommage aux victimes des pensionnats.

Je veux m’opposer à la domination, mais aussi à ses faux.sses critiques. Certains anarchistes ont pensé développer une critique des réponses autoritaires à la pandémie, mais elles/ils n’ont réussi qu’à être réactionnaires. Encore une fois, ils/elles regardent le monde d’en haut, d’où la seule action collective concevable est celle de l’État. Elles/ils se rabattent sur le discours des droits individuels, mais il n’y a rien d’anarchiste dans une liberté soit découpée en petits morceaux qui nous sont données à la cuillère. Leur analyse devient complètement dépourvue de principes lorsqu’ils/elles commencent à défendre le droit des conservateurs religieux à continuer à tenir leurs cérémonies. Elles/ils sont impliqué.e.s dans le mouvement anti-masque, qui n’a rien à voir avec un choix éthique individuel, mais plutôt avec la négation de l’épidémie de Covid-19. Ils/elles finissent bras dessus, bras dessous avec ceux qui considèrent tout bien commun comme une attaque contre leurs privilèges.

Pour moi, la liberté signifie aussi la responsabilité. C’est un impératif individuel de faire ses propres choix, mais aussi de comprendre que l’on est engagé.e dans un réseau de relations. Il s’agit d’association volontaire, mais aussi de comprendre que nous sommes également engagé.e.s dans des réseaux de relations avec tout le monde (sans oublier tous les êtres vivants, la terre et l’eau). Nous avons des responsabilités envers ces réseaux. Quand nos choix face à la pandémie partent de nous-mêmes et se développent vers l’extérieur, vers les personnes que nous aimons et plus loin encore vers les sociétés dans lesquelles nous vivons, nous ne regardons plus le monde d’en haut, mais à l’échelle humaine.

Cela s’appelle l’autonomie et c’est en soi une menace pour les puissants. Cela signifie organiser nos vies sur des bases radicalement différentes, qui entrent en conflit avec les tentatives des puissants de maintenir l’ordre et l’obéissance.

Un système de passeport vaccinaux est un moyen de réprimer l’autonomie. Je m’en fiche d’aller au restaurant ou à un concert et mon groupe continue d’éviter les foules dans des lieux fermés, même si l’État dit que nous ne sommes plus obligé.e.s de les éviter. Organisons-nous pour éviter la répression et continuer à agir selon nos propres priorités. On se voit dans les rues.

Brûler des églises, renverser des statues

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Août 092021
 

De Antimídia

Dans différentes parties des territoires colonisés, les statues des esclavagistes, violeurs, colonisateurs et génocidaires ont été arrachées, déboulonnées ou détruites. Pourquoi se défaire de ces symboles ? Que représentent-ils ? Et quelles valeurs les maintiennent debout ?

[La vidéo est sous-titrée en français.]


Small is Beautiful : Organisation anarchiste et implantation sociale locale

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Août 092021
 

Du Collectif Emma Goldman

Ce qui suit est un texte de réflexion personnelle d’un militant du collectif. Il ne reflète pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des membres, mais souhaite avancer certaines réflexions.

Il y a près de sept ans, en 2014, était publié le communiqué officiel annonçant la dissolution de l’Union Communiste Libertaire (UCL). Créé en même temps que sa fondation, en 2008, le Collectif Emma Goldman avait, du Saguenay, consacré beaucoup de son temps et son énergie au projet de fédération dans l’idée de faire prendre de l’expansion au mouvement anarchiste dans la province et en faire rayonner les idées et pratiques au plus grand nombre. L’organisation permettait le développement de campagnes d’actions en unité théorique et pratique qui étaient coconstruites et propagées dans les milieux des différents collectifs (l’UCL en a compté jusqu’à six – Drummondville, Montréal, Québec, Saguenay, Saint-Jérôme et Sherbrooke). Du côté des publications et de la diffusion d’informations, nous produisions le journal Cause Commune (plusieurs milliers d’exemplaires sur papier journal à chaque édition), des revues, des affiches et différentes publications avec une certaine rigueur sur le plan du contenu et des idées. Pour tout organiser, nous nous en remettions au principe du fédéralisme libertaire : les prises de décision se faisaient dans les réunions des collectifs locaux, les décisions étaient relayées par des délégué-e-s aux instances fédérales (d’autres réunions) et aux comités. Il s’agissait d’une forme de démocratie directe. Le temps de gestion, voir ici par exemple tous les déplacements pour des réunions, les longues délibérations sur un peu tout et n’importe quoi, jusqu’aux remises en question sur le graphisme et l’implication dans le secrétariat, était du temps de que les militants et militantes avaient en moins dans leur engagement dans les luttes locales (sans oublier que le nombre d’heures pouvait également précipiter l’épuisement militant). Bien sûr, les outils développés au niveau fédéral étaient d’une grande aide dans le travail local. Mais, sans remettre en cause les principes de fédéralisme libertaire et de démocratie directe, il est tout à fait possible de penser qu’un fonctionnement moins « lourd » (moins énergivore) aurait pu être possible – surtout dans une organisation de moins d’une centaine de membres.

Avec l’expérience acquise au cours des années de l’UCL, le Collectif anarchiste Emma Goldman a continué son chemin en solo à partir de 2014. Bien que nous souhaitions multiplier les collaborations avec d’autres groupes, celles-ci se sont faites plus rares et éphémères – notre condition d’isolement géographique y est sans doute pour beaucoup. En revanche, nous avons pu concentrer l’essentiel de nos efforts et de nos moyens aux luttes sociales du Saguenay-Lac-St-Jean, développer du matériel qui répondait plus directement aux enjeux et cibles de nos milieux et, il faut le dire, passer beaucoup moins de temps en réunion. Travailler en petit groupe a certainement des avantages à ce niveau : la coopération et les décisions se font plus aisément, la recherche de solutions et le règlement des désaccords accaparant moins de temps. Les affiches et journaux que nous avons continué de produire n’ont pas la même qualité que celles de l’UCL, mais elles nous prennent une toute petite fraction du temps qu’elles pouvaient prendre au sein de la fédération.

Tout compte fait, et sans en faire une doctrine, il y a certainement une beauté appréciable dans l’organisation en collectif politique de petite taille. Après tout, il est illusoire de penser que l’implantation sociale de l’anarchisme puisse se réaliser à grande échelle avant qu’elle ne le soit sur le plan local. Les anarchistes ne cherchent pas à prendre le contrôle de mouvements; elles et ils travaillent à la base et leurs pratiques se déploient d’abord à petite échelle avant d’essaimer. Cela n’empêche pas pour autant de développer des liens avec d’autres groupes et de faire appel à eux. Ce modèle d’organisation a, on ne peut le nier, des limites nettes. Il est par exemple beaucoup moins évident qu’un groupe de petite taille isolé reçoive des appuis en cas de répression ou de menaces. Il me semble important de poursuivre les questionnements quant aux formes efficaces que pourraient prendre le développement de liens et d’outils communs avec les camarades de collectifs des autres régions. Comme d’autres, je suis avec attention le travail sur le terrain que font les camarades dans le Kamouraska, sur la Pointe de la Gaspésie, à Sherbrooke, Trois-Pistoles, Gatineau, Hamilton, Québec, Toronto, Montréal, Halifax, etc. et j’y tire, personnellement, l’inspiration pour continuer.

Alan Gilbert

Grèce : Et alors, ces vaccinations ?

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Août 062021
 

De Attaque

athens.indymedia.org / lundi 26 juillet 2021

Alors que l’État grec – comme de nombreux autres États européens – est en train d’augmenter la pression sur sa population pour qu’elle se fasse vacciner contre le Covid-19, des nombreuses personnes semblent avoir cédé à cette imposition de « faire le choix de la responsabilité ». Qu’il soit clair que nous pensons que des individus peuvent avoir des raisons légitimes de se faire vacciner. Nous ne portons pas de jugement moraliste sur le fait de se faire vacciner ou pas. Mais nous continuons à être réticent.e.s. Nous pensons que tout le discours sur le fait d’assumer ses responsabilités vise en fait à donner plus de pouvoirs à l’État, en créant une société à deux vitesses, avec des privilèges pour celles/ceux qui se conforment aux règles et des sanctions pour ceux/celles qui ne veulent ou ne peuvent pas s’y conformer. Cela signifie un renforcement du contrôle et des inégalités.

Crois aux dirigeants

Nous ne pensons pas devoir nous attarder longtemps sur ce point. Nous avons été obligé.e.s de porter des masques lorsque nous marchions seul.e.s dans un parc. Nous avons reçu des amendes parce qu’on était dans la rue la nuit, alors que pendant la journée les métros étaient bondés. Nous avons été insulté.e.s parce qu’on était assis.ses dans des squares, alors que des lieux de travail en intérieur fonctionnaient à plein régime. Et nous les avons vus calculer cyniquement les coûts des lits d’hôpitaux supplémentaires, par rapport à la fermeture de secteurs de l’économie. Nous les avons vus choisir d’enrôler plus de policiers, alors que la santé des gens était en jeu. Nous les avons vus essayer d’étouffer toute forme de protestation, alors qu’ils adoptaient de force des politiques encore plus marquées dans le sens de l’exploitation et de l’oppression. Ils ont perdu toute crédibilité et ils le savent, la seule chose qu’ils puissent encore faire c’est nous forcer et faire du chantage.

Crois aux données

On nous dit que les données sont claires, que se faire vacciner est un choix sûr (le plus sûr). Mais même si nous acceptons que les données existantes sur les vaccinations soient correctes, il y a tout un tas de données que nous n’avons pas (encore). La première chose qui saute aux yeux est que tous les vaccins disponibles ont été approuvés de manière temporaire, avec une procédure d’urgence. Aucun des vaccins contre le Covid-19 a été approuvé jusqu’au bout et ils ne peuvent pas l’être, puisque on ne dispose d’aucune donnée sur les effets à long terme. Nous pouvons formuler des hypothèses sur la base d’autres vaccinations similaires effectuées par le passé (même si les vaccins basés sur la nouvelle technologie ARNm n’ont pas une histoire de ce type), mais il n’y a aucune garantie pour le long terme. Chaque personne qui se fait vacciner devrait en être pleinement consciente. Et rien qu’à cause de ce seul fait, toute obligation ou pression pour se faire vacciner est éthiquement injuste.

Les données dont nous disposons sur les vaccins proviennent principalement d’essais en laboratoire et dans des environnements contrôlés. Ces tests doivent être menés dans des conditions strictement contrôlées (même s’ils sont faits sur des personnes qui vivent leur vie de tous les jours), afin de pouvoir tirer des conclusions significatives sur les causes et les effets. Bien sûr, la vie réelle comporte de nombreuses complications, des interférences, des événements imprévus, etc. Par conséquent, ces données peuvent prédire le comportement des vaccins seulement de manière très limitée. En effet, nous avons vu que les recommandations sur les personnes auxquelles certains vaccins ne doivent pas être administrées et les listes des possibles effets secondaires sont mises à jour pendant que les vaccins sont déjà inoculés dans le monde réel et que des problèmes imprévus commencent à se produire. À cette échelle, des effets secondaires qui n’affectent qu’un toute petite pourcentage de personnes vaccinées peuvent représenter en réalité un dommage collatéral qui s’élève à plusieurs milliers de personnes. Même dans les meilleures conditions, la médecine moderne est loin d’avoir un bilan impeccable lorsqu’il s’agit de respecter la vie dans toute sa diversité, ses nuances, ses complexités et sa totalité. Ne vous y trompez pas, ce qui se passe est une expérience à grande échelle.

Crois en la science

On nous dit de faire confiance à la science. Mais même si nous ne regardons que les recommandations scientifiques pendant cette année et demie de pandémie de Covid-19, cette affirmation est naïve ou malhonnête. Au début de la pandémie en Europe, le port du masque était fortement déconseillé. A l’époque la théorie était que le virus se propagerait par contact et que la désinfection était donc la bonne réponse (et il y avait une pénurie de masques, ils étaient donc réservés au personnel hospitalier). Quelques mois plus tard, cette opinion a changé et il y a désormais un consensus sur le fait que le virus se propage à travers l’air et non par contact. Soudain, les masques sont devenus la réponse à tout. Néanmoins, nous continuons aussi à tout désinfecter (au lieu d’aérer – c’est ce qu’on appelle le théâtre sanitaire, où ce qui compte le plus est l’impression de sécurité). Cet exemple montre que la science peut se tromper et que la société au sens large peut mettre encore plus de temps à s’en rendre compte.

Un autre exemple venant de cette pandémie qui montre que nous ne devons pas faire simplement confiance à la science est le flou autour de la théorie de la fuite du virus d’un laboratoire. Dès le début de la pandémie, un article cosigné par de nombreux spécialistes scientifiques de la question affirmait que l’hypothèse que le virus du Covid-19 pourrait provenir d’un laboratoire était complètement absurde. À l’époque, cet article est devenu le fondement sur lequel s’appuyaient les médias grand public, les réseaux sociaux, les politiciens et les spécialistes pour qualifier de théorie du complot toute mention de l’hypothèse d’une fuite d’un laboratoire. Il a fallu une année entière, une époque durant laquelle le virus faisait pourtant quotidiennement la Une des journaux, avant que certains scientifiques et journalistes portent un regard plus critique sur cet article et arrivent à la conclusion que le principal élément de preuve n’était pas pertinent et que certains des auteurs avaient un intérêt direct à préserver la bonne réputation (des méthodes) du laboratoire qui serait le premier suspect dans l’hypothèse d’une fuite du virus d’un laboratoire. Il est maintenant largement admis qu’une fuite d’une laboratoire est possible et que cette piste mérite d’être étudiée (pour être clairs, ni l’hypothèse de la fuite d’un laboratoire ni celle de la zoonose n’ont été prouvées ou réfutées, elles sont toutes deux plus ou moins probables). Ceci est un exemple qui montre que dans la réalité la méthode scientifique n’est pas aussi robuste et infaillible qu’elle le prétend. Un consensus qui change en raison d’arguments non scientifiques (l’opportunisme politique, des intérêts financiers, etc.), un petit cercle de scientifiques hautement spécialisé.e.s qui ne veulent pas ou n’ont pas le temps de se contrôler mutuellement, etc. Depuis la deuxième moitié du XXe siècle (voir par exemple Paul Feyerabend et Pierre Thuillier), la philosophie et la sociologie de la science ont démontré l’écart entre l’idéologie de la science et sa réalité. Pourtant, les gens semblent s’accrocher à une conception très naïve de ce que font les scientifiques.

Crois à l’immunité collective

On nous dit de nous mobiliser pour atteindre l’immunité collective et « être libres », à nouveau, du virus. Pour ce faire, ils proposent l’objectif de vacciner 70% de la population. Mais en réalité ce nombre date d’avant l’apparition de variants (comme le variant Delta) qui sont plus contagieux et contre lesquels les vaccins sont moins efficaces. Gardons en tête aussi le fait que les vaccins sont conçus pour limiter la gravité de la maladie et que la réduction des contagions n’est qu’un effet secondaire (et la plupart des vaccins qui n’utilisent pas l’ARNm ne semblent pas très efficaces sur ce point). Compte tenu de ces nouveaux variants, de nombreux experts croient aujourd’hui qu’en réalité il faudrait 80 % ou 90 % de la population vaccinée pour arriver à l’immunité collective. Ce nombre signifie que – si nous considérons toujours qu’il n’est pas éthique d’administrer massivement un vaccin nouveau et mal connu à des mineurs et que certaines personnes ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons médicales – tout le reste de la population devrait se faire vacciner. Toute politique publique qui a besoin d’une conformité à 100 % pour réussir est vouée à l’échec.

Un autre facteur est que l’immunité diminue avec le temps. On parle déjà de piqûres de rappel après une période de 6 ou 9 mois (ça sera une seule injection ou elle devra être répétée tous les six mois ou tous les ans ? Pour l’instant, nous ne le savons pas), ce qui augmente encore plus les risques d’échec.

De plus, puisque il s’agit d’une pandémie mondiale d’un virus facilement transmissible, il semble très irréaliste qu’un pays ou une région puisse atteindre l’immunité collective à lui seul. De grandes parties du monde disposent à peine des stocks de vaccins ou de l’infrastructure nécessaires pour vacciner une petite partie de la population, sans parler de sa grande majorité. En outre, ils comptent principalement sur des vaccins qui sont moins efficaces pour stopper les infections. Les chances d’éradiquer ce virus sont inexistantes. À ce point, il a atteint sa phase endémique, ce qui signifie que le Covid-19 va commencer à se comporter comme les autres variétés de coronavirus, avec leurs épidémies saisonnières. L’immunité collective n’est que la dernière carotte que l’on nous agite sous le nez, elle sera tôt ou tard remplacée par quelque chose d’autre, pour nous faire croire que nous pouvons atteindre la « liberté », si seulement nous obéissons.

Sois responsable

Le sujet de l’immunité collective (ou du moins de la vaccination du plus grand nombre de personnes possible) soulève la question de savoir qui reçoit les vaccins. Dans de nombreuses régions, les personnes qui courent le risque d’être gravement affectées par le Covid-19, qui veulent se faire vacciner mais qui n’ont pas accès à des services de santé, ne reçoivent aucun vaccin. Alors qu’en Europe, des personnes qui n’ont même pas un grand risque de développer des symptômes légers et qui ont un risque infiniment faible de développer des formes grave disposent de millions de doses de vaccins qui leur sont réservées. L’accumulation des vaccins va encore augmenter avec le besoin des piqûres de rappel. Le fait que, à ce jour, l’OMS ne veuille pas recommander des piqûres de rappel semble dicté principalement par ce genre de préoccupations. Le choix de la responsabilité ou la reproduction des inégalités mondiales ?

L’établissement d’une immunité collective et la rhétorique de la « guerre contre l’ennemi invisible » vont de pair, en pratique, avec un contrôle strict des accès au territoire et une gestion de la population intensifiée. Il semblerait que nous sommes arrivé.e.s à une situation où la soi-disante partie progressiste de la société est désormais en faveur du contrôle des déplacements et de la fermeture des frontières (bien sûr, elles/ils le remarqueront à peine sur leur peau, puisqu’ils/elles possèdent les documents nécessaires pour se déplacer « librement »). Le choix de la responsabilité ou une intensification de la surveillance et de l’exclusion ?

S’il y a quelque chose que nous avons appris des décennies passées – le 11 septembre et la menace du terrorisme, le crash financier et la menace de la banqueroute, l’austérité et la menace du cannibalisme social, les bateaux de réfugié.e.s et la menace de pogroms racistes, le changement climatique et la menace de catastrophes écologiques, etc. – c’est qu’une position qui ne s’oppose pas radicalement au pouvoir de l’État (peu importe qui le détient), finira simplement par le renforcer et ouvrira ainsi la voie au prochain cycle de crises provoquées par l’État et le capitalisme, ainsi qu’à la gestion de ces crises par l’État et le capitalisme.

Anarchistes
Athènes, mi-juillet 2021

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