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Feux d’artifice du nouvel an à la prison des femmes de Joliette

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Jan 032016
 

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De La Solide – Anti-répression Montréal

Le 31 décembre en soirée, nous nous somme rendu à la prison fédérale des femmes de Joliette (la seule prison pour femme purgeant des sentences de plus de 2 ans au soi-disant Québec), dans la région de Lanaudière. Nous tenions deux banières avec les inscriptions: L'(A)MOUR POUR LA LIBERTÉ NOUS FAIT ENNEMI.ES DE L’AUTORITÉ et LA LIBERTÉ EST NOTRE ARME ABSOLUE. Nous avons lancé quelques feux d’artifice, avons pu communiquer avec les filles détenues et chanter notre solidarité. Plusieurs d’entre-elles sont sorties aux portes de leurs unités (petites maisonettes dans la court de la prison), ou sont allées à leurs fenêtres. C’était une première du genre à cette prison.

Solidarité avec tous les prisonniers en lutte

Jusqu’à ce que nous soyons tous libre

DÉTRUISONS TOUTES LES PRISONS ET CE MONDE QUI EN A BESOIN

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Action de solidarité avec les détenu-es du centre de détention de Rimouski

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Jan 032016
 

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De toutedetentionestpolitique

Le soir du 31 décembre, une vigile de bruits s’est tenue devant la prison de Rimouski. Une dizaine de personnes s’étaient réunies avec casseroles et feux d’artifices pour l’évènement. La gardienne de sécurité nous a bloqué l’accès dès le début de l’action et 3 voitures de police se sont rapidement rendues sur place, nous demandant de ne plus entrer sur le terrain de la prison. Nous avons tout de même continué l’action, lisant le manifeste des détenu-es contre l’austérité et faisant le point sur la situation à Rimouski.

Si des gens sont en contact avec des détenu-es à Rimouski qui pourraient témoigner de leur situation quotidienne, il est possible de nous contacter pour relayer l’information et enrichir le dialogue.

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La prison de Rimouski serait l’une des pires en terme de surpopulation au Québec, avec un taux d’occupation atteignant les 130 à 135% en 2013. Je vous laisse imaginer la situation deux ans plus tard, avec les mesures d’austérité imposées par le gouvernement libéral. Les détenu-es sont entassé-es, couchent au sol ou à deux dans des cellules prévues pour une personne.

Durant l’année 2013, trois prisonnier-es ont subi une détention illégale et ont été relâché-es en retard à cause d’erreurs dans le traitement des documents ou durant le calcul de leur peine. Durant la même période, deux tentatives de suicide ont eu lieu. En plus, on remarque une augmentation du nombre de personnes ayant des troubles de santé mentale qui sont dirigées vers l’établissement carcéral de Rimouski, malgré une absence flagrante de médecin-es et de soins adaptés. Les conditions de vie deviennent de plus en plus insupportables et la tension entre les détenu-es ne fait qu’empirer. Il est temps que ça change.

Nous voulons soutenir les luttes à l’intérieur des prisons à travers le Québec et aider les détenu-es à faire entendre leur voix au-delà des murs!

Comme la plupart des prisonnièr-es sont enfermé-es pour des crimes liés à leur condition de vie, nous soutenons que toute détention est politique!

Solidarité avec les personnes incarcéré-es

Pas besoin d’une grève pour se révolter contre l’État : Réflexions sur la manif de soir du 18 décembre

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Déc 222015
 

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La nuit du vendredi 18 décembre, environ 150 personnes se sont rassemblées au centre-ville de Montréal pour une manifestation de soir. Cette manifestation était la troisième d’une série entamée le 30 novembre et continuée le 9 décembre, la deuxième constituant probablement la manif combative la plus réussie à Montréal depuis la grève étudiante de 2012. Le 18 décembre était vu comme la chance d’amener encore plus loin la combativité et le courage nous ayant permis de nous réapproprier autant de temps et d’espace la nuit du 9 décembre.

L’invitation disait : La nuit nous appartient. La jeunesse emmerde le gouvernement, les riches et les fascistes, sans oublier les flics. La lutte ne fait que commencer, pas besoin d’une grève pour se révolter contre l’État. Cette manif sera aussi en solidarité avec les camarades emprisonné-e-s en Grèce et pour le Décembre noir. Contre les violences étatiques nous serons la réplique. Love and Rage

Pour plusieurs d’entre nous, les attentes étaient hautes dû à l’excitation courrant discrètement à travers la ville et au raffinement des stratégies dans la semaine précédente. La foule réunie au carré Berri, moins nombreuse qu’espéré, n’avait cependant pas l’air mal préparée à la rencontre.

La nuit, en revanche, appartient en grande partie à la police. Malgré les roches et les fusées lumineuses lancées en leur direction pendant l’affrontement final sur Ste-Catherine, il leur a été permis de contrôler l’itinéraire de la manifestation à chacune des intersections clés et comme de raison, d’entraîner la manif vers un secteur géographique où il leur fût ensuite facile de disperser la foule à l’aide de gaz lacrymogènes et de charges d’anti-émeute. Alors que la foule était repoussée vers l’Est sur Ste-Catherine, les vitrines de la banque Laurentienne, de commerces gentrificateurs du quartier gay et d’au moins une voiture de police ont été fracassées, mais le caractère désespéré de ces attaques était bien loin du joyeux saccage sur le boulevard René-Lévesque de la semaine précédente.

 

Malheureusement, l’aspect le plus mémorable de cette nuit fût probablement la présence de policiers undercover dans la manif, certains accoutrés de leur risible interprétation du black bloc. Lorsque dénoncés par des participant.e.s de la manif, ceux-ci répliquèrent vicieusement à de nombreuses reprises en tabassant, arrêtant, poivrant ou même en pointant leur arme à feu vers les individus ou groupes qui tentaient de les démasquer ou de les confronter. Il y avait longtemps que les flics n’avaient tenté aussi effrontément d’infiltrer une manif à Montréal, et nous y voyons une réponse directe à la popularité et à l’efficacité des tactiques black bloc du 9 décembre dernier. En envoyant des infiltrateurs aussi aisément identifiables dans des manifestations combatives et en s’attaquant aux participant.e.s, le SPVM énonce clairement ses buts (mis à part blesser et terroriser ses ennemis) : générer la méfiance envers les individus qui choisissent de se masquer pour se défendre contre la répression.

La police espère que l’on associe ceux et celles qui dissimulent leur identité à des agents provocateurs, créant ainsi un climat dissuadant l’adoption de tactiques black bloc et facilitant par le fait même le contrôle policier de la situation. Dans les heures qui suivirent la dispersion de la manif, des images et descriptions d’infiltrateurs se sont mises à circuler de manière virale sur les médias sociaux. Des manifestant.e.s pacifiques jouaient déjà le jeu des forces policières en défendant publiquement la thèse que les attaques envers les flics effectuées par des anarchistes la nuit du 18 étaient en fait orchestrées par la police elle-même par le biais d’agents provocateurs qui (d’après cette logique) auraient mis en danger leurs coéquipièr.e.s afin de se mêler à la foule et de justifier la répression policière qui s’ensuivit.

Le spectre d’undercovers dans les manifs ne date pas d’hier, et nous pensons que les meilleures manières de le contrer demeurent. Parmi celles-ci, les black blocs fournis et bien exécutés où les gens sont impossibles à distinguer les uns des autres empêchent les infiltrateurs de bien suivre ce qui se déroule et de récolter des preuves contre un.e participant.e en particulier. Le bloc et la foule devraient demeurer relativement bien regroupés, pour rendre plus difficile les arrestations ciblées où les forces policières attaquent un individu et l’écartent de force de la foule. Lorsque des manifestant.e.s sont capable d.identifier avec certitude un infiltrateur, celui-ci devrait être éjecté de force de la manif, de manière à décourager l’utilisation de cette tactique. Souvenons-nous de la manif du 15 mars 2010 où le black block s’en est pris aux infiltrateurs déguisés et les a chassés hors de la foule à l’aide de roches, de bâtons et de feux d’artifice. À la suite de cette intervention, la police s’est abstenu de faire appel aux infiltrateurs pendant assez longtemps.

De nombreuses personnes sont légitimement ébranlées par cet incident, mais nous souhaitons également réfléchir à la manifestation dans son ensemble. Nous trouvons encourageante la manière dont nous avons réussi à matérialiser un esprit de révolte au cours des trois dernières semaines, mais nous pensons que vendredi dernier aurait pu être tellement plus, et, sans annoncer publiquement les virages stratégiques que nous souhaitons emprunter, nous désirons offrir quelques pistes de solution au pourquoi de notre si grande vulnérabilité aux interventions policières.

Pendant que des participant.e.s se masquaient au tout début du trajet, des caméras en direct filmaient encore une fois dans toutes les directions. Une analyse provenant d’un compte-rendu sur la manif du 9 mérite d’être soulignée : « Idéalement, nous aurions une culture spontanée d’éduquer les gens sur pourquoi c’est nuisible, et ensuite si nécessaire de prendre action contre ces personnes ou leurs appareils. Nous souhaitons par contre mentionner que plusieurs médias indépendants qui filment de manière régulière les manifs semblent avoir des pratiques solides reliées au fait de ne pas enregistrer ou publier des vidéos incriminantes. » Nous souhaitons néanmoins ajouter que la vidéo, peu importe ce qui est gardé lors de l’édition, devrait être évitée pendant les quinze premières minutes d’une manif (pendant que des personnes se masquent), car elle fournit des preuves précieuses à la police.

Notre position s’affaiblissait à chaque fois que nous laissions les flics nous dicter notre itinéraire en bloquant deux des quatre directions à une intersection, mais il n’y a eu aucun effort majeur de tenter de suspendre la progression de la marche et de forcer les lignes policières ou bien de faire marche arrière (comme le 9 décembre où un volte-face rapide et bien exécuté a permis d’échapper au contrôle policier). Par le passé, nous avons fait l’erreur d’attendre que de telles décisions stratégiques nous soient dictées par des organisateurs.trices présumé.e.s à l’avant de la manif, mais il y a également une forte culture dans les manifs de nuit de s’organiser par la coordination de groupes autonomes proposant et adoptant des tactiques si assez de personnes sont motivées à les mettre en branle. En l’absence de cette intelligence autonome et alors que l’avant de la manifestation dépassait en grande vitesse les intersections bien gardées par l’anti-émeute, chaque quadrilatère était ressenti comme un pas de plus vers le piège que nous tendait la police. Historiquement, grâce à des méthodes variées, nous avons mis fin aux arrestations de masse de même qu’aux cordons de flics nous entourant sur les trottoirs. En ce moment, la nécessité stratégique la plus urgente consiste probablement à empêcher le contrôle de notre itinéraire par des lignes de flics bloquant les intersections comme bon leur semble.

La cohésion du bloc et sa capacité d’organisation résultante laissait également à désirer. Des douzaines de personnes étaient en full bloc, et une cinquantaine de plus étaient au moins masquées, mais nous étions trop souvent dispersé.e.s dans la foule. Le 18, le manque de cohésion a rendu la coordination informelle en temps réel entre les groupes affinitaires plus difficile, et les actions du bloc ont majoritairement échoué à s’appuyer entre elles afin de créer un tout plus grand que la somme des parties. Par exemple, à plusieurs occasions, des lignes de police ont récolté un jet de deux ou trois projectiles – pas assez pour faire flancher un flic derrière son armure. Une pluie de trente roches, d’un autre côté, pourrait réalistement provoquer leur retrait, ouvrant potentiellement un espace pour que la manif se dirige vers un terrain plus favorable. Que le bloc soit capable de se concevoir en tant qu’unité cohésive et agisse comme une seule force serait à même de rendre possible un tel genre de coordination.

Il nous faut également trouver de meilleures façons de parer l’utilisation des gaz lacrymogènes, qui, pour la troisième manif nocturne de suite, ont réussi à disperser la foule.

Nous sommes ravi.e.s de voir apparaître des manifs anarchistes combatives indépendantes des mobilisations étudiantes et qui puissent exister en dehors des moments prévus pour le combat de rue, comme les manifs du 1er mai ou bien du 15 mars. Quand les manifestations combatives peuvent seulement se produire dans le cadre de vastes luttes réformistes, elles sont conçues comme utiles seulement parce que les émeutes renforcent le rapport de force avec l’État, augmentant les chances que celui-ci cède aux demandes du mouvement (contre l’austérité, la violence policière, etc). Les manifs combatives sans revendications mettent une analyse anarchiste du pouvoir en pratique : en refusant de concevoir nos luttes en termes de revendications et de demandes, nous refusons les miettes que nous offre l’État, nous refusons ses tentatives de réaffirmer son contrôle et sa légitimité et nous apprenons à créer notre propre puissance, qu’il leur est ensuite beaucoup plus difficile de nous enlever. Développer notre puissance, développer une lutte anarchiste autonome dans cette ville, engager le conflit avec l’autorité en dehors des horaires, lieux et narratifs préétablis – voilà des buts ayant une valeur intrinsèque.

Les nombreuses manifs-action pendant les grèves nous ont habitué.e.s à utiliser des groupes de quelques centaines de manifestant.e.s pour permettre des blocages et des occupations. L’utilisation de la manifestation combative ouvre une nouvelle possibilité d’action directe avec une capacité de frapper directement des cibles urbaines autrement difficilement attaquables (infrastructures de transport, postes de police, etc…) ou de défendre des territoires libérés (ZAD, squats, etc). Prendre l’habitude d’appeler à des manifestations comme celles des dernières semaines permet aux anarchistes de s’autonomiser des mouvements sociaux réformistes. Il est nécessaire d’appeler ces manifs pour ponctuer le fil des jours avec cette rage destructrice, que ça soit pour donner une force à des événements anarchistes ou en réponse directe à des attaques contre nos luttes.

Plus de ressources réfutant la thèse des agents provocateurs :
In defense of the Black Bloc: disproving the accusations against those who wear masks

Photos des undercover soupçoné.e.s :

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Voiture de patrouille privée sabotée pour un Décembre Noir

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Déc 182015
 

Black-December2Soumission anonyme à Montréal Contre-Information

Pas de paix pour les défenseurs de la société marchande!

Aux petites heures du matin du Mercredi 2 Décembre, on a crevé les pneus d’une voiture de patrouille de la compagnie de sécurité privée Garda au coin de St-Jacques et Irène dans le quartier de St-Henri, à Montréal. Garda fournit des services de prison, de sécurité et de déportation, profitant intensivement de plusieurs aspects de l’existence de merde qu’on vit sous le régime capitalisme. Alors, vous savez, qu’ils aillent se faire foutre. On revendique cette action dans le contexte d’un appel international pour un Décembre Noir par des anarchistes Grecs en prison. À travers ce communiqué, nous voudrions exprimer notre complicité criminelle la plus claire avec tous les camarades anarchistes fugitif-ves et incarcérées autour du monde.

Le Décembre Noir est partout.

Le Black Bloc reprend les rues de Montréal

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Déc 152015
 

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Durant la soirée du mercredi 9 décembre 2015, une manifestation contre l’austérité s’est déroulée dans les rues de Montréal . Sous la bannière “Notre lutte n’est pas négociable”, le secteur public du Québec était en grève générale plus tôt dans la journée et certains leaders syndicaux ont appelé à des mobilisations comme jamais vues dans les dernières décennies, dans leurs efforts d’augmenter le rapport de force dans les négociations.

L’appel se lit comme suit: « Nous ne nous laisserons pas pacifier par une entente à rabais ou par une loi spéciale! Prenons les devants: notre lutte n’est pas négociable, nous, on ne reculera pas, pouvait-on lire sur la page. Le 9 décembre au soir, reprenons la rue! Réchauffons la ville de nos pas et de nos cris! »

La semaine précédente, pendant la manif de soir du 30 novembre, un black bloc petit-mais-déterminé a attaqué un char de flic immédiatement après avoir pris la rue, s’engageant dans un affrontement de 15 minutes avec l’anti-émeute qui frappait les gens avec leurs matraques et des balles de plastique à l’intersection des rues Ste-Catherine et Bleury. Les succès de cette nuit-là nourrit un momentum pour le 9 décembre. La tension et l’excitation étaient palpables, alors que les gens se rassemblaient au parc Émilie-Gamelin.

Barricades on Nov. 30

Les barricades, Nov. 30

Quelques douzaines de drapeaux noirs ont été distribués dans une foule florissante. Lorsqu’illes ont pris la rue en direction ouest sur l’avenue de Maisonneuve, ceuzes qui n’étaient pas masqué.es au départ ont commencé à se couvrir le visage. Dans les premières minutes, la plupart des participant.es de cette manifestation de 200 personnes ont dissimulé leur identité. Nos ennemis, les médias de masse, n’ont même pas essayé de relater la destruction qui a suivie comme étant le fait d’agitateurs.trices externes comme ils le font souvent; le bloc était indéniablement constitutif de la manifestation entière.

Rapidement, une demi-douzaine de gens ont entouré un nationaliste québécois insupportable qui se pointe à presque chaque manifs et lui ont arraché son drapeau et son signe du Québec, lui donnant un coup à la gorge lorsqu’il a essayé de s’accrocher à ses objets.

Dix minutes après le début de la manif, l’anti-émeute a formé une ligne devant les gens et sur la droite, à l’intersection de Maisonneuve et Ste-Dominique, pour essayer de nous diriger vers le sud où illes préparaient la même manœuvre, aux rues Ste-Dominique et Ste-Catherine. Leur stratégie était claire: nous contenir dans le Quartier latin et loin des cibles de choix près du quartier des affaires, incluant le QG de la police. La foule a eu l’intelligence collective de ne pas laisser la police dicter sa route, et s’est retournée sur elle-même, se dirigeant vers l’est sur l’avenue de Maisonneuve. Des groupes masqués ont été vus partageant des bouts de pavé. La foule a couru vers le sud à travers un stationnement et la cour d’un projet d’habitation pour pouvoir se rendre sur Ste-Catherine, là où la police n’avait pas eu le temps de former une nouvelle ligne pour contrôler notre mouvement.

Ce qui a suivi était une demi-heure d’un jeu séditieux de chat-et-souris pendant lequel la foule a su garder une longueur d’avance face au contrôle policier. Un groupe de six policièr.es à vélo sur la rue Ste-Catherine, s’étant naïvement déplacé.es sur le flanc de la manif, ont été attaqué.es par une pluie de pavés. Des vagues d’excitation étaient ressenties par la foule alors que les policièr.es étaient frappé.es par la peur et les projectiles, s’enfuyant rapidement hors de notre vue vers l’est. C’était parti.

La manif a couru vers le boulevard René-Lévesque, pendant que les personnes plus loin en arrière scandaient de rester groupé.es. La manif a bloqué les 6 voies sur René-Lévesque; et à regarder autour, notre capacité de destruction paraissait significative. Les unités semi-protégées portant des fusils à balles de plastique qui se déplacent habituellement sur les flancs de la manif n’étaient visibles nulle part, ayant été prises au dépourvu par des volées de roches lancées à l’arrière de leur tête pendant la manif de la semaine précédente.

Pendant une période de 20 minutes à couper le souffle, la manif a agi en tant que grande conspiration criminelle. Des marteaux, des bâtons de drapeaux, des bouts de pavé et les poubelles de métal amovibles qu’on trouve à chaque coin de rue ont été utilisées pour trasher les fenêtres de l’Immigration et Citoyenneté Canada, de SNC-Lavalin – un conglomérat de construction, plusieurs banques et autres établissements. Pour ajouter une touche festive, des personnes ont aussi détruit des décorations de Noël accumulées aux entrées des tours à bureaux et ont renversé le sapin de Noël de SNC-Lavelin. Quelques participant.es ont couru en avant et ont brisé la fenêtre arrière d’un camion de police avec des roches, pendant que d’autres ont lancé de gros feux d’artifice vers les camions qui restaient au devant de la manif. Des encouragements éclataient avec le son de chaque nouvelle fenêtre brisée. Des complices inconnu.es pouvaient être vu.es en train de chercher et partager des projectiles; quand la manif a dépassé un site de construction, des camarades ont couru à l’avant pour trouver du matériel à piller et ont réussi en démolissant des pierres décoratives sur René-Lévesque pour en faire des pièces à lancer.

La police a commencé à lancer des gaz lacrymogènes en poussant la manif vers l’est sur René-Lévesque, utilisant des pistolets qui peuvent tirer des cartouches à plus d’un bloc. Au début, ça n’a pas réussi à disperser la manif puisque la foule s’est déplacée vers l’ouest plus rapidement en restant groupée de manière relativement serrée. La manif a commencé à aller vers le nord sur la rue Univeristy, attaquant une autre vitre de la Banque de Montréal sur son chemin. La manif s’est divisée quand elle a fait face à une auto de police qui bloquait une plus petite rue, mais les deux groupes ont rapidement su se regrouper, s’accueillant dans des hurlements de joie. À ce point, la police a continué à tirer des gaz lacrymogènes et la foule s’était réduite à 50 personnes. Les gens se sont dispersé dans les rues avoisinantes pendant que des équipes de police et de camions continuaient d’intimider des petits groupes de manifestant.es qui marchaient sur les trottoirs pour retourner au Carré Berri. Les médias ont rapporté une seule arrestation, celle d’une personne mineure pour “entrave au travail des policièr.es”, mais aucune charge liée à la destruction.

Allons de l’avant

Contre une des brigades anti-émeutes les plus expérimentées en Amérique du Nord, ceuzes qui ont pris les rues ce mercredi ont définitivement renversé le rapport de force en notre faveur, du moins brièvement.

Nous sommes ému.es d’écrire un compte-rendu à ce sujet, car nous voyons beaucoup de potentiel dans la détermination et la préparation des gens; et nous avons quelques réflexions sur les façons dont nous pouvons élargir la portée de ces moments, autant au niveau quantitatif que qualitatif. Pour l’instant, nous vous offrons quelques remarques sur des tactiques qui peuvent accroître le temps et l’espace accessibles aux manifs combatives. Ultimement, par contre, nous souhaitons échapper à la tendance qui existe d’être chassé.es des rues après avoir éclaté quelques vitres, donc briser cette routine de contention.

Ça pourrait avoir l’air de :

  • Apporter des briques/roches/pavés, des feux d’artifice, des outils (si vous sentez que c’est sécuritaire), afin qu’on puisse avoir la capacité de se battre dès le départ et qu’on ne soit pas dépendant.es des projectiles trouvés dans les rues;
  • Les barricades sont nos amies; et nous ne leur donnons pas assez d’amour. Les participant.es peuvent attaquer derrière celles-ci pour prévenir la réussite des tentatives de dispersions; elles ont aussi pour fonction de perturber la ville sur notre passage et de rendre les manoeuvres policières plus difficiles à coordonner. Les créer au derrière de la manif (idéalement d’une manière à ce qu’elles n’entravent pas le mouvement de la manif elle-même) peut aussi bloquer efficacement les chars de police qui essaient de nous suivre;
  • Les gens peuvent aller à la recherche de matériel pouvant servir de projectile, pour les partager avec la foule dans les moments entre les confrontations afin que, lorsque la police frappe avec une force accrue, nous soyons déjà prêt.es à répondre de manière efficace;
  • Les voitures de police qui encadrent la manifestation à l’avant et à l’arrière devraient constamment recevoir des projectiles afin qu’elles se doivent de rester à une distance plus grande que notre capacité de lance;
  • Les policier.ères à vélo et les anti-émeutes devraient être forcé.es à ne pas pouvoir se tenir aux flancs de la manif. Si nécessaire, les participant.es peuvent combler les trottoirs en même temps que la rue;
  • Lors du 9 décembre, plusieurs personnes ont filmé les événements sur leurs téléphones cellulaires sans être dérangé.es. Idéalement, nous nourririons une culture où nous expliquons aux gens pourquoi c’est nuisible, et ensuite si nécessaire de prendre action contre euzes ou leurs systèmes d’enregistrement. Nous souhaitons par contre noter que plusieurs médias indépendants qui filment de manière régulière les manifs semblent avoir des pratiques solides reliées au fait de ne pas enregistrer ou publier des vidéos incriminants. Dans cette vidéo publiée sur YouTube sur la manif de mercredi, par exemple, la caméra change de direction afin d’éviter de filmer des personnes qui détruisent de la propriété, alors que le son d’une vitre éclatée se fait entendre;
  • Les gaz lacrymogènes ont éventuellement réussi à disperser les manifs du 30 novembre et 9 décembre, malgré les efforts mis à relancer les cartouches vers la police et la préparation de tissus imbibés de vinaigre. Le problème principal semblait être la panique qui s’emparait de la foule et non pas les effets physiques des gaz. Il est probable que des appels à rester groupé.es et à procéder tout.es ensemble dans une direction intelligente puissent continuer à diminuer les impacts des armes répressive;
  • Des questions de discours et de propagande: pourquoi, en tant qu’anarchistes, attaquons-nous la ville? Comment ces actions sont-elles connectées à l’austérité? Comment nos luttes dépassent-elles tout focus réformiste ou une orientation vers des demandes? Bien que ces moments d’action conflictuelle rassemblent plusieurs individus dont les perspectives et intentions divergent, il serait intéressant que les participant.es communiquent leurs analyses dans ces moments de destruction. Des petites équipes peuvent venir préparées et coller des affiches dans la ville, faire des graffitis ou lancer des tracts dans la manif ou à partir de points d’altitude.

Ces idées ont bien peu d’intérêt sur papier, alors nous attendons avec impatience la possibilité de les élaborer ensemble dans les rues. Les étincelles constituant notre historique de révoltes et les potentiel que ces étincelles allument un feu réchauffe nos coeurs, car nous ne désirons pas moins qu’une cité en ruines.

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L’économie du pouvoir

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Déc 092015
 

06d84e3a2b04ce1195d79bb393058d87Ce texte a été écrit au départ en tant que réflexion après avoir visité des amies pendant qu’elles étaient emprisonnées dans la ville de Mexico. Elles ont maintenant été relâché.es, mais les discussions que nous avions concernant la dignité et les réponses à la répression sont toujours pertinentes. J’espère que cela peut contribuer à des discussions continues à Montréal et ailleurs à propos de comment et quand des anarchistes interagissent avec la répression et le maintien de leur dignité.

“Face à un monde aussi exécrable, que ce soit ici ou dehors, la seule chose que t’as, c’est ta dignité. Quand tu la vends, peu importe si t’as bien encaissé, tu l’as vendue, ta dignité. A l’intérieur de toi, t’es déjà mort.”

– de Nordin Benallal
publié dans le journal anarchiste bruxellois Hors Service.

Je passe du temps avec mes amies dans la cour arrière de Santa Martha, une des prisons de la ville de Mexico, DF (District Fédéral). Nous buvons des cafés sucrés au lait and travaillons sur nos bronzages/coups de soleil, entouré.es de mères câlinant leurs enfants, de pique-niques, et de couples qui baisent. Mes ami.es sont ici faisant face à des charges reliées à une attaque sur un concessionnaire Nissan dans le DF, qui a eue lieu au début de janvier 2014. Il est probable qu’elles puissent rester ici pour un moment, mais au lieu de ressasser ça, nous passions notre temps à parler de tout et de rien, de nos coups d’foudre, des potins à la maison, et évidemment, d’anarchie.

Une conversation qui fait surface le plus fréquemment a été à propos de la dignité, et de ce que ça veut dire de la préserver dans plusieurs différents contextes. Nous parlons de comment n’importe quelle insubordination en prison, même de résister une fouille à nu, peut parfois se traduire par des coups et une relocation en cellule d’isolement. La plus petite résistance qui soit peut résulter en la perte des «privilège» qu’un.e prisonnièr.e peut avoir, tels les visites d’ami.es et de famille. Une accumulation des «mauvais comportements» peut se traduire par un emprisonnement à vie. Tous les jours, nos ami.es qui sont enfermé.es ici font des choix reliés au fait de paraître obéissant.es, ou de refuser la collaboration – mettant ainsi en danger leur santé émotionnelle et physique. Autant qu’à l’extérieur, certaines décisions sont prises en priorisant la dignité, et d’autres, le confort.

C’est au travers de ces conversations que j’ai réalisé que, bien que la dignité soit un mot dont nous prétendons avoir une compréhension générale, tout le monde a une définition différente et spécifique de ce qu’elle représente. Pour moi, la dignité est le processus d’être redevable à un sentiment interne d’amour-propre. En tant qu’anarchiste, c’est reconnaître que je mérite autonomie et liberté; et ce sont les démarches que j’entreprends pour assurer cette vérité.

Avec cette définition, toutes les fois où une autre personne influence comment je me perçois; toutes les fois où je n’ai pas complète autorité sur la manière dont je passe mes jours, je perds une part de dignité. Mais ce n’est pas aussi simple que ça – la dignité n’est pas seulement perdue, elle est échangée. C’est la monnaie du pouvoir, et elle est échangée à gauche et à droite contre des degrés variables de confort et de liberté relative.

Je continue à réfléchir à propos de la dignité que j’ai échangée pour venir ici. À peu près trois tours de fouille de sacs et de corps pour entrer dans Santa Martha. Je pense à comment j’ai exploité mon privilège et échangé ma dignité pour facilement traverser les frontières. Même avant d’arriver, j’ai échangé mon autorité sur la manière dont je passe mes journées afin d’accumuler l’argent nécessaire pour acheter le billet d’avion qui m’amènerait ici. Je pense à comment, tous les osties de jours que je suis en vie, j’échange une parcelle de liberté, de souveraineté, de dignité pour du «confort». Chaque fois que je ne saute pas le métro, chaque fois que je paie pour de la nourriture, chaque fois que je participe au capitalisme et facilite la société, j’échange ma dignité pour de la facilité et du confort.

La dignité est échangée dans une économie du pouvoir. C’est très apparent en prison, où les structures sociales de l’extérieur sont amplifiées à l’intérieur des murs. Par exemple, dans les prisons canadiennes, les objets matériels qui aident à préserver un quelconque sens d’humanité (du café, de la pâte à dents, des timbres postaux, etc.) sont achetés au travers de la cantine. L’argent paie de meilleur.es avocat.es, et avec vient une meilleure chance que l’État examine les abus que subissent leurs client.es aux mains de la prison, et donc qu’il «accorde» la dignité de meilleurs traitements. Autant qu’un plaidoyer aux autorités étatiques est une participation dans l’économie de la dignité, et donc renforce leur monopole sur la dignité en prison. Cet échange d’argent contre la dignité s’opère dans la même sphère économique que le reste de la société canadienne.

Cette économie du pouvoir n’est devenue claire pour moi qu’après avoir visité mes ami.es dans une prison mexicaine, car le système carcéral mexicain est moins bureaucratisé. Même s’il y a une économie formelle à l’intérieur (avec la “tienda” de la prison, l’équivalent de la cantine), il y a aussi une économie plus informelle de dignité/pouvoir: la corruption. Si tu veux garder un peu de dignité en ne te faisant pas fouiller par des palpations intenses, fais juste glisser un billet de 200 pesos aux gardes. Tu veux faire passer à l’intérieur quelques lettres de la maison? Glisse un 20 sur la table… Dans cette économie du pouvoir, qu’est-ce que cela veut dire de maintenir sa dignité? Qu’est-ce que ça voudrait dire d’empêcher que cela devienne une monnaie en circulation? Et combien de fois par jour l’échangeons-nous pour du confort relatif?

Si l’on observe les tendances anarchistes, voici quelques manières par lesquelles la dignité peut être maintenue:

– Au travers des grèves de la faim à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons.
– Au travers d’un refus de signer des conditions de sortie restrictives, et ainsi du refus de donner à l’État l’autorité de systématiquement et explicitement surveiller et contrôler leurs actions.
– Au travers du refus des fouilles de leur corps, de leurs maisons et de ce qui leur appartient.
– Au travers du refus de reconnaître les Cours comme ayant l’autorité et la juridiction sur leur vie et sur leur corps.
– Au travers du fait de se mettre «en fuite» ou «en clandestinité» au lieu de faire face à des peines de prison.
– Au travers du refus de collaborer aux enquêtes policières ou de balancer des ami.es et camarades.

Il est révélateur que les moments où nous pensons à et discutons de dignité se produisent lorsque celle-ci va nous être dérobée – dans les moments où l’État a répondu à nos actions avec une répression accrue. La dignité existe à l’extérieur de ces moments, et il est important de réfléchir à la manière dont nous pouvons la maintenir dans notre vie quotidienne. Il va sans dire que, dépendemment de la manière dont chaque individu définit sa propre liberté et souveraineté, ce processus de récupération de la dignité prendra différentes formes.

Je me demande de quoi ça aurait l’air s’il y avait une culture, ici, d’anarchistes qui défendent leur dignité, particulièrement dans le processus judiciaire. La seule fois où j’ai vu une résistance forte et cohérente au système judiciaire canadien, c’était de la part de personnes provenant de différentes communautés autochtones qui refusaient de reconnaître la légitimité de la Cour. D’autres fois, quand j’ai vu des anarchistes ou anti-autoritaristes allochtones essayer de maintenir leur dignité face à la Cour, les actes de résistance ont été écartés, car ils étaient vus comme «ne valant pas le coup». Un petit geste, comme refuser de se lever quand le ou la juge entre dans la salle d’audience, est considéré comme étant «trop coûteux». Il est généralement compris que l’inconfort du coût – que ce soit n’importe quoi, allant d’un regard assassin de la part d’un policier de la Cour au fait d’être accusé d’outrage au tribunal – ne vaut simplement pas le fait d’affirmer sa dignité. Au travers la consolidation de cette compréhension, nous avons fixé un prix à notre dignité – et il est plutôt bas. À quoi est-ce que ça ressemblerait si nous, qui avons vu nos coeurs reflétés dans ceuzes qui ont maintenu leur dignité dans le processus judiciaire, étions pour agir en solidarité avec euzes? À quoi est-ce que ça ressemblerait de créer une culture qui supporte ces actions, au lieu de les considérer comme étant insignifiantes, ou comme «ne valant pas le coût»?

Pendant que je souhaite voir et pratiquer plus d’exemples de dignité étant maintenue, je ne veux pas participer à la création de standards informels ou d’attentes non-dites quant à la manière dont un.e anarchiste devrait agir avec dignité, sans prendre en compte la manière dont l’individu la définit. Ces attentes sont à risque d’être appliquées par des porte-paroles, et sont étrangement présentes par la création d’idoles, de martyres, et de héros. Par le passé, j’ai été témoin de situations dans lesquelles un.e anarchiste est emprisonné.e ou fait face à un processus judiciaire, et ille devient le “visage de l’anarchisme” et, en tant que tel, est tenu de répondre à certaines responsabilités et codes de conduite. Ce genre de traitement prétend que les systèmes judiciaire et carcéral sont d’une certaine manière séparés de cette société. Les valeurs et le caractère fondamental d’un individu ne change pas simplement par le fait d’entrer dans la salle d’audience – ses actions à l’intérieur comme à l’extérieur du processus judiciaire seront reflétées. Si nous, en tant qu’anarchistes, essayons d’imposer à ceuzes qui sont enfermé.es un ensemble de comportements à cause de nos anticipations, nous nous retrouvons à reproduire la dictature de la moralité de notre société.

Personne n’a la responsabilité de me représenter ni de m’inspirer, bien que je ressente de l’affinité avec et trouve de l’inspiration dans les personnes qui font la grève de la faim, ou refusent de signer des conditions de libérations, ou se taisent face à une intense vague de répression. Je suis inspirée et excitée parce que je sais qu’illes agissent de ces manières afin de maintenir leur dignité; je ressens de la solidarité et de la complicité avec les personnes pour qui maintenir leur dignité est la seule câlisse d’option disponible. Il ne s’agit pas de «prouver» quoi que ce soit à l’État et aux dispositifs de sécurité. C’est à propos de trouver la dignité avec une authenticité propre.

Je ressens de l’affinité non pas avec ceuzes qui jouent un rôle spécifique pour la création ou le maintien d’une maudite «stratégie» – je ressens de l’affinité avec ceuzes qui, dans leur coeur, croient qu’il y a une part d’euzes-même qui ne peut être volée, qui ne peut être corrumpue par le capitalisme ou cette société. Je suis inspirée par ceuzes qui savent que, aussi longtemps qu’illes gardent cette partie de soi-même intacte, illes ne peuvent pas être brisé.es.

Nov 062015
 

queerspacefeat

Le tract qui suit a été distribué lors de la Marche Trans de Pervers/cité (la «fierté queer radicale»), dont l’itinéraire a été approuvé par le SPVM :

Au cours des deux dernières fins de semaine à Montréal, la police a mis fin à deux des plus gros partys queers de l’été (Cousins le 18 juillet et un party de financement pour Pervers/cité le 25 juillet). Dans le premier cas, un grand nombre de flics ont mené une opération contre La Vitrola, forçant les organisateur.trices à mettre fin au party et dispersant violemment les personnes présentes – plusieurs personnes ont été tabassées et arrêté.es. Dans le deuxième cas (Pervers/cité), une patrouille a gâché la fête avec succès en menaçant individuellement les personnes de contraventions. La réaction des queer du party a été lamentable, a manqué de solidarité et, selon l’opinion des auteurs de cet article, a été « non-queer » (nous expliquerons plus loin ce qu’on veut dire par là). Bien que quelques agitateur.trices se soient efforcé.es de distribuer des masques, le party a rapidement pris fin et les gens se sont éparpillés dans la nuit. Ces attaques policières sont l’une des nombreuses formes de violence envers les queers, mais c’est à celles-ci qu’il est le plus facile de riposter puisqu’elles sont des attaques contre de grands groupes de personnes. Si nous prenons action collectivement, nous pouvons résister et nous pouvons gagner. Ci-dessous se retrouvent quelques raisons expliquant pourquoi nous ne pouvons pas rester les bras croisés et laisser ces choses arriver. Nous espérons qu’elles vous encourageront à prendre un masque la prochaine fois que quelqu’un.e vous en offrira un.

Prémisse 1 : Prends ce qu’il te faut par la force.

La répression n’est rien de nouveau pour la communauté queer, mais l’héritage de notre milieu n’a jamais été et ne devrait pas devenir celui de l’inaction face à la violence étatique. Que ce soit les batailles historiques telles que l’émeute du Compton’s Cafe et les Bash Back blocks aux conférences républicaines et démocrates, ou les luttes contemporaines des Check It «gang» et des Gully Queens de Washington, DC, les individus LGBTQ+ possèdent une riche histoire d’auto-défense, d’action collective et d’antagonisme militant contre l’État et contre quiconque commet des actes de violence envers nous. Nous devrions nous sentir honoré.es et obligé.es de devoir défendre cet héritage. Mais plus encore, dans ces luttes, émeutes et défense d’espaces nous voyons que les queers acquièrent une plus grande protection, de meilleures conditions matérielles de vie et des existences plus épanouies. Sans ces luttes, nous serions encore plus vulnérables aux transgressions violentes, aurions moins/pas accès aux hormones, et n’aurions vraisemblablement pas de milieu queer où exister. Si nous ne poursuivons pas la lutte contre l’intrusion policière dans notre espace, nous perdrons le peu que nous avons.

Prémisse 2 : Être »Anti-Oppression » signifie combattre la police.

En théorie, la communauté queer de Montréal s’engage dans des politiques «anti-oppressives» et de «safer space». À cette fin, des engagements vis-à-vis la modification de notre langage, de nos comportements et de nos interactions avec les autres constituent une part importante du combat contre des systèmes d’oppression de merde tels que le sexisme, le cis-sexisme, la transphobie, la suprémacie blanche et le classisme, mais des changements de comportement personnels ne peuvent être la limite de nos positions anti-oppressives. Le gang connu sous le nom de SPVM est la pierre angulaire de l’oppression raciste, classiste, transphobe et anti-travailleur.euses du sexe dans notre ville, et maintient la paix sociale à coup de répression violente, kidnapping, meurtre et vol. Pour plusieurs queers vivant ici, la police représente une plus grande menace qu’une mauvaise utilisation de nos pronoms ou que des propos transphobes. Si vous êtes blanc.hes, cis, issu.es de la classe moyenne et/ou n’êtes pas travailleur.euses du sexe, vous avez particulièrement le devoir de garder le milieu plus sécuritaire en empêchant la police d’y entrer, en refusant de les laisser interférer dans les événements, et en interrompant activement leurs activités quotidiennes. Garder le silence face aux attaques policières renforce les arguments en faveur du pseudo-consensus entourant le rôle de la police [1. «Policing by consent» sans l’article original.], donne aux flics un plus grand sentiment de sécurité et les encourage à commettre de plus grands actes de violence contre les personnes les plus vulnérables. Avoir des politiques anti-oppression signifie d’être contre la police; ça pourrait vouloir dire de se faire mal ou d’aller en prison, mais pour beaucoup de queers, c’est déjà une réalité qu’illes attaquent la police ou pas. Si vous quittez un espace aussitôt que la police arrive, vous rendez activement cet espace plus dangereux pour d’autres personnes. Même si vous pouvez décider que c’est nécessaire pour votre propre bien-être, il est souvent bien plus sécuritaire de se serrer les coudes. Arrêter 200 à 300 festoyeur.ses est une tâche plutôt ardue pour les porcs, tandis qu’il leur est aisé d’en arrêter 20 à 30.

Prémisse 3 : Queer en tant que position dans la guerre sociale[2. La guerre sociale réfère aux conflits livrés chaque jour contre nous par le capitalisme, l’État, et la police, de même que par nos ami.es, familles, amant.es, et nous-mêmes. C’est une façon de décrire la violence des paradigmes existants dans les relations réalité/social, incluant les luttes pour les changer ou les détruire. Les positions au sein de la guerre sociale sont en changement constant du moment où les individus incarnent de manière constante, simultanée et interchangeable les rôles d’oppresseur.ses et d’opprimé.es. Les lignes de conflit se tracent à travers la réalité physique et immatérielle, et se manifestent comme un tout, du docteur qui choisi le genre d’un nouveau-né, au lancer de briques à travers la vitre d’une banque, ou au projet-même de construire le sujet «humain».]

Le genre et la sexualité sont des forces coercitives et oppressives promulguées contre nous par la société : sans société, sans guerre sociale, nous n’aurions pas les conceptions de genre et de sexualité (ni les rôles qu’elles renforcent) que nous avons. Attaquer les notions de genre et de sexualité de la société et intenter leur transformation radicale (c’est-à-dire être queer), c’est choisir de s’engager dans un front très spécifique de la guerre sociale : c’est mettre les limites à respecter et ouvrir les hostilités envers le reste de la société. Si les queers cessaient d’établir cette limite, alors le Queer ne serait plus : le Queer ne peut exister qu’en tant que négation des genres et de la sexualité imposés. Si l’identité queer est assimilée par le projet social, alors la «queerness» deviendra simplement un autre mécanisme oppressif. Une partie du rôle de la police est de défendre et de protéger les articulations normatives du genre et de la sexualité en plus de défendre la «société» au sens large. Par la définition-même de la «queerness», nous nous devons d’entrer activement en conflit avec la police. En ne luttant pas contre elle, nous défendons les paradigmes existants du genre et de la sexualité et nous réprimons activement la «queerness».

Prémisse 4 : C’est l’fun!

Il y a mieux qu’être ivre et danser jusqu’à en avoir mal au pied : la joie intense que ressentent les personnes qui combattent la police dans la rue est une chose qu’un dealer rêverait de mettre sur le marché. Si être queer veut dire former de nouvelles sortes d’interactions et de relations sociales excitantes, étranges et significatives, alors qu’est-ce qui pourrait être plus intéressant, excitant et étrange que de démanteler activement l’État, main dans la main avec votre/vos nouvelle.s rencontre.s? Que de briser des vitres ensemble, de danser sur le toit d’une voiture de police démolie et de s’enfuir dans la nuit pour faire l’amour d’une joie criminelle. Nous ne voulons pas trop glamouriser les conflits où des ami.es se font blesser, mais lutter ensemble et gagner est l’une des expériences les plus excitantes, joyeuses et libératrices que ces auteur.es aient jamais eues. Ça serait pas l’fun, chasser les porcs hors de nos rues et transformer toute la fucking rue en party queer?

Ce communiqué a été écrit par « The Angry Trans Mob ». Nous sommes un groupe de personnes trans venant différents milieux, luttes et expériences qui considérons nécessaire l’expansion du conflit entre le milieu queer de Montréal et la police/l’État/les transphobes. Nous sommes solidaires avec toutes les personnes défendant leur communauté (qu’il s’agisse d’espaces physiques/districts/villes ou d’idées métaphysiques/identités/formations) contre la domination, les attaques, et la destruction, peu importe les armes qu’illes choisissent d’employer. Nous espérons que ce communiqué inspire des gens à prendre action.

Et rappelez-vous, les enfants!

Dead cops don’t kill!

 

Quelques éclaircissements, réflexions et réfutations

▼ Lorsqu’on parle de combattre, nous souhaitons clarifier que nous ne concevons pas la violence comme inhérente au combat (non pas que l’on s’oppose à la violence), ni nécessairement comme étant la prise d’action violente (que nous supportons). Nous concevons le combat comme étant toute non-conformité, que ce soit de rester près et solidaires pour prévenir des arrestations ciblées, ou qu’il s’agisse de jeter un cocktail molotov sur une voiture de flic. Nous ne pensons pas que tout le monde devrait être prêt à faire chacune de ces choses, mais nous croyons que chacun.e doit être prêt.e à les soutenir et les faciliter.

▼ Pour nous, l’espace ne se limite pas à un party ou un événement en particulier. L’espace s’étend de manière physique et immatérielle, suivant et gravitant autour de toute idée que les gens qualifient de queer, qu’il s’agisse d’identité personnelle ou de lieux physiques. Le milieu est un «espace», dans cette perspective nous pensons que plusieurs «espaces» peuvent occuper un même lieu. Par exemple, lorsqu’on empêche l’intrusion de la police dans un certain party, on défend à la fois le lieu et l’espace du party, mais aussi l’espace queer entant que concept, et l’espace du milieu entant que formation. Pour ces raisons, nous pensons que la défense de tout lieu queer quel qu’il soit (que ce soit cousins, le salon du livre queer, un sex party, etc.) est essentielle au maintien du concept de l’espace queer, qui agit comme filet de sécurité pour les personnes les plus ciblées par la répression. Une attaque envers un party queer est une attaque contre la «queerness». Si suffisamment de party sont réprimés, le nombre d’espaces occupés par la «queerness» s’en trouvera réduit.

▼ Nous sommes contre le discours selon lequel certaines Diasporas de gens ne peuvent s’engager dans le conflit à cause d’oppressions qu’elles vivent ou de dangers auxquels elles font face. Bien que nous supportions complètement toute personne sentant qu’elle ne peut s’engager dû à des questions de statut, de race, de classe, de genre, etc., nous croyons que les discours énonçant que «telles personnes ne peuvent faire x…» sont souvent infantilisants, faux et condescendants. Bien qu’on ne doive jamais attendre d’une personne une manière d’agir précise (à moins qu’elle le souhaite), on ne devrait pas non plus présupposer ses capacités à sa place. Partout dans le monde, des personnes dans des situation précaires luttent (souvent illégalement), et ce malgré le coût possiblement encouru. Cela équivaudrait à dire, par exemple, qu’une manifestation qui a été approuvée par la police a plus de chances de procurer un meilleur sentiment de sécurité aux gens qu’une manifestation illégale – si on ne connaît pas le vécu personnel des gens, on ne peut savoir si la collaboration entre les organisateur.trices et la police est perçue comme étant plus sécuritaire que la tenue d’une manifestation illégale. De plus, si la collaboration avec la police découle de l’improbabilité que des actes illégaux prennent place dans la manif, ou si elle prend place pour que certaines personnes s’y sentent plus en sécurité, on isole alors davantage ceux et celles dont l’illégalité est inhérente à leur vie et existence. Les hiérarchies du danger telles qu’établies par le milieu devrait constamment être sujet de débat et de contestation.

▼ Nous rejetons l’idée selon laquelle le fait d’être mâle et blanc soit inhérent à la résistance violente. Nous pensons que cette position est souvent utilisée pour délégitimer des tactiques ne correspondant pas à l’idée que certaines personnes ont de l’acceptabilité. C’est sexiste et trans-mysogine, en plus d’être historiquement erroné.

▼ Bien que nous supportions fermement l’auto-identification, nous rejetons le postmodernisme et l’idée que tout peut être appelé «queer». Nous croyons que le queer est un positionnement connecté à d’autres (à ce titre, une personne cis ne peut être trans, et une personne s’auto-identifiant trans ne peut être cis). Ainsi, la police ne peut être queer, car le rôle qu’elle incarne dans le renforcement des paradigmes existants de genre est de facto contre la queerness. [contra queerness dans le texte original].

Août 282015
 

La nuit dernière, une voiture de patrouille enflammée a été peinte par quelques ami.es sur le boulevard principal du quartier d’Hochelaga, inspiré.es par la lutte à Saint-Louis et Ferguson contre la police. Solidarité avec les rebel.les qui apprennent dans la rue comment combattre ensemble la police. Bien que l’application de la paix sociale soit actuellement plus réussie à Montréal, vos actes et vos mots font écho à notre contexte de poursuite des hostilités envers la suprématie blanche, l’État et le capital.

bruletoute

Avr 172015
 

Le 8 avril, une banderole disant “Solidarité avec les prisonniers en grève de la faim en Grèce. Que vive l’anarchie” a été accrochée et des tracts ont été distribués :

Solidarité depuis Montréal

Aujourd’hui, le 8 avril, nous rendons hommages aux prisonnier.e.s en grève de la faim dans les prisons grecques depuis le 2 mars 2015.

Dans le contexte actuel, le parti au pouvoir en Grèce depuis les élections de janvier 2015 est le parti de Gauche radical Syriza; un parti promouvant des idées anticapitalistes et antipatriarcales. Il semble évident qu’en réalité, le parti a pour rôle la récupération électorale de la rébellion sociale. Plusieurs prisonnier.e.s anarchistes, prisonnier.e.s politiques et prisonnier.e.s sociaux.ales en sont bien conscient.e.s et subissent quotidiennement les conséquences de cette comédie.

Une grève de la faim massive est engagée depuis plus d’un mois afin d’exiger entre autre l’abolition de plusieurs lois fascistes et des prisons de Type C. Plusieurs compagnon.e.s sont dans des états de santé critiques. Les évènements révèlent le vrai visage du parti de Gauche qui continue de réprimer les luttes.

Voici les revendications des prisonniers en lutte :

• Abolition de la loi antiterroriste 187A et de la loi contre les organisation illicites 187
• Abolition de la condition aggravante d’une action réalisée en se couvrant les caractéristiques faciales (« loi de la cagoule »)
• Abolition des prisons de sécurité maximale (type C)
• Abolition de l’ordre du parquet par lequel on impose la prise violente de traces ADN
• Que les expert.e.s biologistes de confiance de l’accusé.e aient accès et puissent analyser les traces ADN si l’accusé.e le désire
• Abolition de l’analyse de traces qui contiennent des mélanges de matériel génétique de plus de deux personnes
• La libération immédiate de Savvas Xiros pour qu’il puisse recevoir le traitement médical dont il a besoin.

Force et courage à tous les compagnon.e.s en prison et en fugue!
Pour la destruction de l’État, du Capitalisme et de toutes les prisons.
Vive l’anarchie!

Pour plus d’information :
contrainfo.espiv.net
hunger-strike.espivblogs.net
www.non-fides.fr